Le PLR fera tout pour retarder les débats
De quoi faire bondir le président du PLR Neuchâtelois Fabio Bongiovanni. Il rappelle que l’élection au Conseil des Etats s’est déjà déroulée selon ce régime en 2019: «Si l’absence d’apparentements était si problématique, pourquoi attendre le dernier moment pour rouvrir ce débat dans l’urgence, avec un mépris complet pour la démocratie et les institutions? Ce n’est ni cohérent, ni sincère!» Selon lui, la manœuvre vise surtout à permettre à la gauche de rafler le siège du conseiller aux Etats PLR Philippe Bauer, «qu’elle ne peut pas gagner autrement».
Le PLR – qui a déposé un amendement demandant qu’un changement de loi ne puisse intervenir qu’au 1er janvier 2024 – utilisera «tous les moyens législatifs possibles» pour retarder les débats, prévient Fabio Bongiovanni. Il rappelle que la Commission de Venise recommande de ne pas procéder à des modifications du système électoral moins d’un an avant une élection. «Nous souhaitons rediscuter du mode d’élection des conseillers aux Etats neuchâtelois, mais pas dans ces conditions», conclut-il.
Aligné derrière le POP et Le Centre, le PS concède que la démarche aurait pu être entreprise plus tôt, tout en insistant sur la nécessité de ne pas laisser, dans la loi, une erreur qui empêche de respecter les quorums naturels inférieurs à 10% fixés par la jurisprudence du Tribunal fédéral. Le parti dément par ailleurs une stratégie de la gauche visant uniquement à évincer Philippe Bauer. Il rappelle que la proposition émane notamment du Centre et que l’UDC soutient la réintroduction des apparentements, qui pourraient aussi servir à la droite.
Pas d’urgence
Alors certes, le parti agrarien se dit favorable à ce retour en arrière, mais en aucun cas avant les élections fédérales d’octobre. A gauche, Les Vert·e·s font, quant à eux, part d’un certain embarras face à cette urgence. «Elle est non conforme au code de bonne conduite de Venise, relève leur présidente Christine Ammann Tschopp. Par contre, l’oubli des apparentements doit être réparé pour respecter la Constitution. Nous n’avons pas encore de position officielle, mais une partie d’entre nous pourrait entrer en matière sur l’amendement du PLR.»
Les vert’libéraux, enfin, se disent clairement opposés à cette modification. «Les apparentements ne nous semblent pas utiles et nous ne comprenons pas cette urgence», indique leur cheffe de file, Sarah Pearson Perret. Elle s’inquiète surtout de voir bâclé un débat sur une thématique qui devrait être traitée sereinement: «Le vrai problème, ce serait de ne pas avoir une discussion de fond sur les avantages et inconvénients de différents systèmes.»