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Des arbres à la place des voitures
Ce nouveau parc urbain de 70 000 m2 sera aménagé en deux phases. La première, devisée à 17 millions de francs, prévoit la démolition de la très bétonnée place du 12-Septembre, la transformation de la plage et la création de deux établissements publics (restaurant et café-bains). Elle débutera en mars et devrait s’achever à la fin de 2024. La seconde, prévue entre 2025 et 2027 et pour laquelle un crédit de 9 millions doit encore être libéré, concernera la réalisation d’une grande zone de loisirs et de sport. Des dizaines d’arbres devront être coupés pour mener à bien ce projet, mais leur nombre total passera au final de 100 à 150.
Les 300 places de parc actuellement proposées à un tarif très attractif – 1 franc l’heure – seront, quant à elles, supprimées dès le 1er janvier 2025. Particulièrement sensible, ce point a par le passé mené à l’échec de nombreux projets d’aménagement du site créé dans les années 1960. «Lorsque nous avons remporté le concours d’architecte en 2008, on nous a dit que nous allions nous heurter à une levée de boucliers. Mais la perception de la place de la voiture en ville a beaucoup évolué depuis», se réjouit Antonio Gallina.
Si cette question est définitivement tranchée sur le plan politique, la section locale du PLR appelle de ses vœux des compensations rapides, comme le confirmait au Temps le conseiller général Alain Rapin quelques heures avant cette conférence de presse: «Il y va de l’attractivité économique de notre ville et de nos commerces.» Violaine Blétry-de Montmollin assure qu’elles seront trouvées, mais prévient qu’il ne s’agira pas de remplacer une place par une autre: «Notre réflexion, menée étroitement avec le canton, intègre la mobilité dans son ensemble. Nous voulons encourager le transfert modal.»
Des défis et une chance pour Festi’neuch
La réalisation de ce projet sera interrompue chaque été pour permettre à la population de profiter des Jeunes-Rives, mais aussi pour assurer le bon déroulement des nombreuses activités culturelles qui s’y tiennent. La principale étant Festi’neuch, qui a attiré l’an dernier 54 000 spectateurs en quatre jours. Contacté, son directeur, Antonin Rousseau, reconnaît que si le festival est apprécié du public, c’est aussi en raison de son cadre lacustre.
S’inquiète-t-il du lancement de ce chantier de quatre ans, alors que le festival a besoin à chaque édition de beaucoup d’espace durant plusieurs semaines, montage et démontage compris? «Cela demandera des adaptations et de la flexibilité de part et d’autre, mais nous sommes intégrés à la planification des travaux depuis une bonne dizaine d’années. Les autorités sont conscientes qu’il est vital pour nous que ces travaux ne prennent pas de retard et nous leur faisons confiance pour tenir leurs délais», répond-il.
Si Festi’neuch ne connaîtra pas de changement cette année en matière d’organisation spatiale, il en ira autrement pour la suite. «Pas mal de choses vont être modifiées une fois le parc réalisé, poursuit Antonin Rousseau. Cela a un coût non négligeable de redéfinir l’organisation d’un festival, mais le réaménagement des Jeunes-Rives est une chance pour nous, et surtout un atout supplémentaire pour la ville et ses habitants!»
Aujourd’hui, plus grand-chose ne semble pouvoir arrêter ce projet, même si des oppositions surviendront certainement lors de la mise à l’enquête de sa seconde phase. «C’est un peu un sport national, donc on s’attend évidemment à devoir en traiter», conclut dans un rire et l’air serein Violaine Blétry-de Montmollin.