Neuchâtel
Un Vert, un popiste, un PDC et trois UDC tenteront le 2 avril de bouleverser la composition bipartite du Conseil d'Etat neuchâtelois

Il se passe toujours quelque chose à l’UDC neuchâteloise! Alors que son nom ne figurait pas parmi les papables, l’ancien conseiller communal professionnel de La Chaux-de-Fonds, Jean-Charles Legrix, évincé lors des élections locales de juin 2016, a été plébiscité par l’assemblée de l’UDC pour emmener un trio de candidats au Conseil d’Etat, lors des élections cantonales du 2 avril prochain.
Yvan Perrin ayant décidé de ne plus retenter sa chance cantonale, l’autre patriarche du parti, Walter Willener, souhaitant prendre du recul, le conseiller national Raymond Clottu étant plutôt «bien à Berne», l’UDC neuchâteloise a décidé de miser sur le «quatrième homme» du parti, Jean-Charles Legrix, pourtant renvoyé de l’exécutif de La Chaux-de-Fonds au printemps dernier.
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Actuel vice-président de l’UDC, Jean-Charles Legrix joue son va-tout. Sa candidature écarte de la course au gouvernement l’autre vice-présidente, Olga Barben, et elle doit surtout lui permettre de conserver son fauteuil de député au Grand Conseil.
A ses côtés, celui qui fut un furtif président de la section neuchâteloise, Stephan Moser, qui s’était mis à disposition pour éviter de laisser les rênes du parti à Olga Barben, et le jeune loup, actuel ambitieux président du Grand Conseil, Xavier Challandes, 25 ans.
Lire les portraits:
- Stephan Moser, l’homme qui veut rebâtir l’UDC neuchâteloise
- Xavier Challandes, UDC, 24 ans et déjà président d’un Grand Conseil
Pas l’envergure électorale d’Yvan Perrin
Reste que ce trio UDC a bien peu de chances de bousculer les candidats des deux partis actuellement au pouvoir, PS et PLR. Pas grand-chose à voir avec la candidature d’Yvan Perrin il y a quatre ans, longuement préparée, qui avait permis au président de l’UDC neuchâteloise d’accéder au Château, d’où il avait été contraint de redescendre douze mois après son élection, débordé et en proie à des soucis de santé.
A deux mois du premier tour de l’élection du 2 avril, à la veille de l’échéance pour déposer les candidatures, alors que le canton s’entredéchire sur l’organisation spatiale hospitalière (votation le 12 février), aucune personnalité d’envergure n’est sortie du bois pour contester l’actuel quintet gouvernemental, plus favori que jamais à sa réélection.
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Pas de candidat vert’libéral
Ceux qui auraient pu causer quelques soucis aux sortants ont renoncé. Au POP, le conseiller national Denis de la Reussille n’est jamais entré dans la ronde, les chances popistes seront portées par Nago Humbert. Malgré le déchirement sur la stratégie hospitalière, les socialistes des Montagnes n’ont pas présenté de candidat alternatif.
Le président du Parti vert’libéral, Mauro Moruzzi, aurait pu contester la majorité socialiste. Privilégiant son activité professionnelle et, surtout, la continuité gouvernementale dans un canton qui a tant encore à réformer, il a renoncé, les Vert’libéraux concentrant leur énergie sur le maintien de leurs cinq sièges au Grand Conseil.
Les Verts ont investi le Chaux-de-Fonnier Fabien Fivaz, actuel président de la puissante commission parlementaire des finances. Son incapacité à reprendre le siège que tenait Francine John-Calame au Conseil national en 2015 (raflé par l’allié POP) réduit de fait sa capacité à battre en brèche la suprématie PS-PLR au Conseil d’Etat.
Fidèle à son habitude, le PDC lance Vincent Martinez, mais ni le parti ni l'homme ne font le poids.
Et ce n’est sûrement pas la «troisième» candidate PLR, Isabelle Weber, peu connue et sans mandat cantonal, qui chamboulera les données. Encore qu’en coulisse, d’aucuns échafaudent un improbable scénario qui la verrait devancer la sortante socialiste Monika Maire-Hefti au premier tour, profitant du large soutien de la droite neuchâteloise.
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Avant d’entamer une très courte campagne qui fera suite à l’actuel houleux débat hospitalier, le Conseil d’Etat, avec trois socialistes – Monika Maire-Hefti, Jean-Nat Karakash et Laurent Kurth, encore que Laurent Kurth pourrait sortir très fragilisé si sa réforme hospitalière devait être rejetée – et deux PLR – Laurent Favre et Alain Ribaux – a toutes les chances d’être reconduit in corpore. Les ministres, qui se targuent d’entretenir une collégialité exemplaire, n’avaient-ils pas fait acte de candidature à un deuxième mandat in corpore?
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L’Alleingang du POP
Si l’élection au gouvernement paraît jouée, celle du Grand Conseil est ouverte. L’UDC sera seule en lice, un apparentement avec le PLR n’étant pas envisageable. Au centre-droit, le PLR fait front commun avec les vert’libéraux et le PDC.
A gauche, arc-bouté sur ses idéologies, le POP a confirmé qu’il ne pouvait plus faire alliance avec le PS gouvernemental. Risquant de ne pas atteindre partout le quorum de 10%, le POP a préféré faire cavalier seul et affaiblir de fait une gauche déjà en perte de vitesse. Meilleurs comptables électoraux, les Verts ont choisi de maintenir leur apparentement avec le PS.
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