La nouvelle a semé la stupeur dans l’arc jurassien, mais aussi dans le monde de la police suisse, bien au-delà des frontières cantonales: Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel, a été retrouvé mort à son domicile de Fresens (NE) lundi 15 mai en début d’après-midi. Le ministère public a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de son décès. «Comme l’intervention d’un tiers semble exclue, tout laisse penser que le défunt a mis fin à ses jours», annonce la police neuchâteloise dans un bref communiqué.

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Olivier Guéniat venait de fêter ses 50 ans en janvier dernier. Selon tous ses proches, il était encore «jeune et en pleine santé». «Sa mort est juste incompréhensible. D’humeur toujours stable, il poursuivait une carrière exemplaire», déclare André Duvillard, ancien commandant de la police neuchâteloise.

Homme de terrain et de réflexion

Boule à zéro perchée sur un corps souvent vêtu de noir, fines lunettes rondes ou ovales d’intello, cet enfant de Porrentruy – «de père dentiste et de mère féministe», précise le Dictionnaire du Jura – incarnait le flic à la fois homme de terrain et de réflexion. Parallèlement à sa carrière de policier, il multiplie les publications dans des revues spécialisées tout en signant des ouvrages destinés au grand public. En 2005, il est l’auteur d’un essai consacré à la lutte contre le trafic de stupéfiants avec Pierre Esseiva, puis il publie un livre sur la délinquance des jeunes en 2007, autant de best-sellers à l’échelle romande. Il savait toujours remettre les choses dans leur contexte et n’avait pas peur d’aller à contre-courant et de tacler ceux qui attisent le sentiment d’insécurité dans la population: «Ceux qui hurlent que l’immigration et la mutation de notre société vers la multiculturalité étaient les causes de tous les problèmes se sont trompés sur toute la ligne», écrit-il en 2015 dans un blog hébergé par L’Hebdo.

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En 1997, Olivier Guéniat devient chef de la police judiciaire neuchâteloise à une époque où l’institution est encore secouée par l’affaire «Amodio Jacot». Communicateur hors pair, il rétablit le lien de confiance entre la population et sa police. En 2011, après l’affaire Theubet qui ébranle la police jurassienne cette fois, il devient commandant ad interim de la police cantonale jurassienne, chargé de réaliser ce qui aurait pu être une première en Suisse: la fusion de deux corps cantonaux (JU/NE) de police. Mais le départ de Jean Studer du Conseil d’État neuchâtelois, le grand initiateur de l’idée avec Charles Juillard, fait que cette vision s’enlise: le projet est gelé en 2013. Olivier Guéniat revient alors à son précédent poste neuchâtelois. A l’heure où la tenue du «gardien de la paix» s’anonymise et s’uniformise dans sa monture de Robocop, il a toujours su donner un visage humain à la police.