Le contournement est de La Chaux-de-Fonds est une pièce d’un puzzle à considérer dans son ensemble. Tel est le message du Conseil d’Etat neuchâtelois, du Conseil communal de la métropole horlogère et de l’Association des communes neuchâteloises (ACN), réunis ce mardi dans la tour Espacité pour défendre ce projet devisé à 186 millions de francs, dont 73 à la charge du canton, le reste étant financé par des contributions fédérales. Combattu par référendum, il sera soumis au vote populaire le 28 novembre.

Le crédit pour la réalisation du nouveau tracé de la route cantonale H18, qui prévoit un tunnel de 1,2 kilomètre, a été validé le 31 mars dernier par le Grand Conseil neuchâtelois par 98 voix contre 7. Il s’inscrit dans le cadre de la stratégie «Neuchâtel Mobilité 2030», approuvée au niveau cantonal à plus de 84% en 2016, et vise à absorber 18 000 des 22 000 véhicules qui traversent chaque jour le centre-ville historique de La Chaux-de-Fonds. Il doit aussi améliorer l’attractivité résidentielle de la commune et du canton, qui présentent un solde démographique négatif depuis plusieurs années.

Pour le comité référendaire, composé des sections neuchâteloises de solidaritéS, des jeunes Vert·e·s, de Greenpeace et de la Grève pour le climat, ce projet présente de nombreux défauts: report d’une partie du trafic sur des rues déjà encombrées, investissement trop onéreux pour un effet jugé insuffisant, destruction du paysage, etc. «L’urgence climatique exige des mesures qui réduisent le trafic et non pas qui le déplacent», peut-on lire dans leur argumentaire.

«Rattraper notre retard»

«C’est un projet d’intérêt cantonal majeur qui s’inscrit dans une vision plus large afin de donner une nouvelle dynamique à la ville et au canton», déclare pour sa part Laurent Favre, président du Conseil d’Etat et chef du Département du développement territorial et de l’environnement. Il insiste sur le fait que sa réalisation à l’horizon 2027 sera notamment suivie de la construction du contournement ouest de la ville et se fera en parallèle avec la création d’une liaison ferroviaire directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds prévue pour 2035.

«Il s’agit de rattraper notre retard en matière de contournements urbains. La Chaux-de-Fonds est aujourd’hui une «belle endormie» qui mérite que l’on investisse de l’argent pour exploiter pleinement son potentiel urbanistique», poursuit Laurent Favre.

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Pour y parvenir, les autorités communales prévoient des mesures d’accompagnement: généralisation des zones 30 km/h dans tous les quartiers de la ville, revalorisation de rues aujourd’hui très fréquentées, création de zones de rencontres et piétonnes ou encore de lignes de trolleybus. «Ces mesures sont intimement liées à la réalisation de ce contournement et doivent favoriser son utilisation. Ce sont ces opportunités qui donnent du sens à ce projet», martèle le président de La Chaux-de-Fonds, Théo Huguenin-Elie.

S’il concède que certaines rues verront leur trafic augmenter, il estime que celles qui seront délestées sont bien plus nombreuses. «C’est un leurre de penser qu’on peut créer une vaste zone piétonne avec des zones de rencontres sans augmentation du trafic sur les axes adjacents, que le contournement soit réalisé ou non», poursuit Théo Huguenin-Elie. Pour lui, l’argument «qui dit que l’intérêt supérieur serait la non-bétonisation est extrêmement difficile à entendre s’il doit se faire au détriment de la ville, du commerce, des visiteurs, des citoyens ou de l’attractivité».

Président de l’ACN, Frédéric Mairy ajoute que ce projet concerne toutes les communes neuchâteloises, par le fait qu’il améliorera les flux routiers entre elles, mais aussi vers l’extérieur du canton: «Il ne faut pas s’arrêter aux implications locales.»

Pas de plan B

En cas de refus le 28 novembre, Laurent Favre dit qu’il n’a pas de plan B: «Nous n’avons pas les moyens techniques et financiers de proposer un autre projet qui permettrait de sortir facilement le trafic du centre-ville historique de La Chaux-de-Fonds. Le débat est aussi idéologique, avec en ligne de mire la suppression du trafic motorisé, mais nous sommes dans une région où le véhicule individuel continuera à jouer un rôle à l’avenir. Il faut en tenir compte.»

A relever encore que la section neuchâteloise de l’Association transport et environnement (ATE) a annoncé lundi qu’elle retirait son opposition au projet, après avoir signé une convention avec la ville de La Chaux-de-Fonds, visant à renforcer les mesures d’accompagnement prévues initialement. Elle ne s’engagera pas dans la campagne mais veillera à ce que ces mesures soient appliquées en cas de validation du projet le 28 novembre.

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