Il n’est pas rare de voir des députés quitter leurs fonctions. Mais lorsque les démissions s’enchaînent en début de législature, cela soulève des interrogations. A Neuchâtel, le Grand Conseil renouvelé début mai en a enregistré six entre le 22 août et le 1er octobre, auxquelles s’ajoutent les départs d’autant de suppléants, selon une information parue jeudi sur le site internet de RTN.

Les Verts sont particulièrement touchés, avec trois députées démissionnaires. Le PS, Le Centre et le POP enregistrent chacun une défection. Hormis dans ce dernier cas, qui concerne Daniel Ziegler, élu au parlement cantonal depuis 2009, les partants sont tous âgés de moins de 30 ans.

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La mobilité des jeunes en cause

Le rajeunissement du législatif serait le principal facteur explicatif, selon la présidente du parti écologiste neuchâtelois, Christine Ammann Tschopp, interrogée par la radio locale: «Nous avons beaucoup de nouveaux élus, et notamment des jeunes particulièrement mobiles. Avec les rentrées universitaires, ils doivent faire des choix. Il est bien évident qu’ils favorisent des objectifs privés très légitimes par rapport à une fonction politique.»

Une argumentation qui ne convainc pas le président du PLR, Fabio Bongiovanni. «J’admets que des départs peuvent avoir lieu en raison de l’évolution personnelle. Mais que cela atteigne une telle ampleur dans certains partis, c’est inadmissible», déclare-t-il au Temps. Selon lui, trois scénarios peuvent être retenus: «Soit ce n’est vraiment pas de chance, soit les partis ont mal informé leurs candidats de ce qu’implique la fonction de député, soit certains sont venus remplir les listes en sachant qu’ils pourraient se retirer ensuite.»

Il s’étonne notamment des cas de la Verte Naomi Humbert, réélue alors qu’elle avait démissionné lors de la précédente législature en raison d’une charge de travail trop élevée, et de sa collègue de parti Sera Pantillon, qui part selon lui pour réaliser un voyage d’un an. «Difficile de croire que ces démissions n’auraient pas pu être anticipées», tonne Fabio Bongiovanni.

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«Personne ne s’est engagé à la légère sur les listes des Verts»

Christine Ammann Tschopp n’a pas répondu à nos sollicitations. Mais elle s’est défendue de ces soupçons sur RTN: «Je crois que personne ne s’est engagé à la légère sur nos listes. Nos candidats ont tous pris connaissance d’un vade-mecum qui expliquait très clairement en quoi consiste la charge de député. Nos listes ont été finalisées en début d’année, et la vie de ces jeunes très mobiles a souvent déjà beaucoup changé depuis.»

Faudrait-il exiger des candidats qu’en cas d’élections, ils s’engagent à siéger pour une période minimum? «Je ne pense pas, répond le président du PLR. C’est déjà assez difficile de trouver des volontaires. Il y va de la responsabilité individuelle et des partis de ne pas présenter des candidats dont on sait qu’ils partiront, ne serait-ce que par honnêteté envers les électeurs.» Et de préciser que des travaux sont en cours au Grand Conseil neuchâtelois pour mieux concilier vies privée, professionnelle et politique.