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Yvan Perrin aux prises avec les rumeurs sur son état de santé

L’absence remarquée du candidat UDC à un débat marque un tournant dans la campagne à Neuchâtel. Les questions sur son état de santé agitent à nouveau le canton, d’autant plus que le sort du siège agrarien est la clé de l’élection au Conseil national

Le Neuchâtelois Yvan Perrin, candidat au Conseil national. — © Thierry Porchet pour Le Temps
Le Neuchâtelois Yvan Perrin, candidat au Conseil national. — © Thierry Porchet pour Le Temps

C’est LE sujet qui a fait parler le week-end dernier sous les cantines de la Fête des vendanges à Neuchâtel. Quelques jours auparavant, le jeudi 26 septembre, Yvan Perrin était attendu pour 7h30 dans les locaux de la radio régionale RTN pour participer à un débat. Le candidat UDC au Conseil national n’est jamais venu. Surtout, l’homme n’a répondu à aucune des personnes qui ont tenté de le joindre, ne redonnant signe de vie qu’aux alentours de 10h. Une simple «confusion d’agenda», se défendra-t-il. Mais l’épisode marque un tournant dans ces élections fédérales. Personne n’a oublié qu’en 2014, l’ancien inspecteur de police démissionnait abruptement du Conseil d’Etat au terme d’une descente aux enfers, rongé par des insomnies chroniques, un burn-out et une consommation excessive d’alcool.

«Physiquement, je suis au top»

Yvan Perrin a-t-il été rattrapé par ses vieux démons? La question agite dorénavant le landerneau politique neuchâtelois. Durant la campagne électorale, celui qui aspire à faire son grand retour à Berne apparaît aussi hyperactif que terriblement seul. Ses traits de visage tirés interpellent. Son humour d’antan a cédé la place à une forme d’agressivité, en particulier sur les réseaux sociaux. A tel point que certains se demandent s’il n’est pas de nouveau «en détresse». Des doutes que le principal intéressé balaie. «Je suis guéri», répète-t-il à l’envi. «Physiquement, je suis même au top, je viens d’ailleurs de monter le Chasseron en VTT», lance Yvan Perrin en guise de certificat médical.

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Au-delà du cas personnel, la situation du candidat attire tous les regards, car Yvan Perrin représente la clé de l’élection du 20 octobre dans un canton où la délégation au Conseil national va être profondément chamboulée. Et le siège UDC est d’autant plus convoité que son seul candidat d’envergure semble fragilisé. En cas de perte du fauteuil, celui-ci irait très certainement aux Verts, portés par la mobilisation climatique et par une liste composée de quatre personnalités reconnues.

Une telle victoire permettrait à la gauche neuchâteloise d’occuper trois sièges sur quatre et aurait une valeur de symbole. «Cette chance de prendre la majorité existe véritablement, se félicite Céline Vara, candidate au Conseil national et vice-présidente des Verts suisses. Plus nous avançons dans la campagne, plus cette éventualité se profile.» Elle ne se gêne pas d’enfoncer le clou en guise de conclusion: «La députation neuchâteloise est déjà petite, ses membres doivent être en pleine possession de leurs moyens pour défendre le canton.»

16% pour sauver le siège

Mais si les écologistes neuchâtelois brûlent de revenir sous la Coupole, où ils ont été présents de 1999 à 2015 (avec Fernand Cuche et Francine John-Calame), rien n’est fait. Le score du parti agrarien sera prépondérant dans l’équation. Selon les estimations, il lui suffira d’atteindre les 16% pour sauver son siège. Un résultat qui reste largement à la portée d’une formation qui, depuis sa création en 2001, a toujours atteint les 20% lors des élections au National (20,4% en 2015). Mais le doute commence à s’installer.

Essorée par des années de querelles internes, affaiblie depuis la perte de la moitié de sa députation lors des dernières élections cantonales de 2017, l’UDC neuchâteloise voit aujourd’hui sa locomotive se gripper. «C’est certain que l’épisode de RTN ne va pas aider à renforcer la confiance des citoyens en Yvan Perrin et en l’UDC», regrette Walter Willener, président et fondateur du parti cantonal, qui concède avoir reçu de très nombreuses réactions négatives. Difficile néanmoins pour lui de s’adonner au jeu des pronostics: «Certains vont certainement biffer Yvan, mais d’autres – des inconditionnels – le cumuleront».

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Reste que pour Yvan Perrin, l’important n’est pas le sort de sa petite personne: «L’essentiel est de conserver le siège, qu’importe qui s’assied dessus.» On voit mal cependant lequel de ses colistiers pourrait le devancer. Certes le jeune entrepreneur de La Chaux-de-Fonds Thierry Brechbühler mène une campagne solide. Il bénéficiera du soutien des milieux économiques et de la solidarité des Montagnes. Mais il ne possède pas – et de loin – la notoriété de son aîné. Il n’en est pas moins déjà décrit comme «une excellente alternative» par le président du parti Walter Willener.

Un retrait en cours de mandat?

Il commence pourtant à se murmurer que, une fois élu et le siège de son parti sauvé, Yvan Perrin pourrait se retirer en cours de mandat pour laisser la place au vient-ensuite, probablement Thierry Brechbühler. Une éventualité qu’écarte aujourd’hui vigoureusement l’ancien vice-président de l’UDC suisse. «Si je suis élu, je terminerai la législature», promet-il. Mais le pourra-t-il? C’est dorénavant aux électeurs neuchâtelois de décider s’ils lui accordent une nouvelle chance.