On s’y attendait un peu: les Neuchâtelois ne se sentent guère concernés par le premier tour des élections cantonales de ce dimanche. Vendredi peu avant midi, le taux de participation atteignait 29%. C’est 6 à 7 points de moins que lors des dernières élections cantonales et fédérales. «On pourrait rester en dessous de 40%», estime Séverine Despland, secrétaire générale de la Chancellerie d’Etat. Cela constituerait le record négatif pour des cantonales depuis 1997 (37,7%). A l’époque, le vote par correspondance n’était pas généralisé.
Ce taux de participation médiocre s’explique par la mollesse d’une campagne qui n’a jamais décollé. La faute à un nombre record de candidats: ils sont 453 à prétendre à un siège au Grand Conseil et 30 au Conseil d’Etat. Cette pléthore a complètement noyé le débat, en particulier dans la course au gouvernement. A force de se partager le temps de parole, les candidats les moins connus ne sont pas parvenus à sortir de l’anonymat.
Joué d’avance?
Ce contexte particulier devrait servir les intérêts des quelques locomotives électorales en lice. Le socialiste Jean Studer et le Vert Fernand Cuche devraient être réélus. La conseillère aux Etats Gisèle Ory (PS) devrait, quant à elle, remplacer Bernard Soguel et permettre à la gauche de conserver sa majorité.
La situation est plus indécise concernant les deux sièges actuellement détenus par le Parti libéral-radical (PLR). Les cinq candidats de la liste jouent des coudes – et des phrases assassines – pour devancer leurs colistiers et siéger au Château. Leur ordre d’arrivée reste incertain. Malgré un bilan critiqué (LT du 25.03.2009), le ministre de la Santé, Roland Debély, pourrait profiter de la prime au sortant.
Les espoirs de l’UDC
Cette guéguerre interne pourrait bénéficier à l’UDC et à sa tête de liste, Pierre-Alain Storrer. Il espère profiter d’ajouts et des (nombreux) coups de crayon attendus sur la liste PLR. Sera-ce suffisant pour être à hauteur des candidats libéraux-radicaux dimanche soir? La tâche semble insurmontable: il y a quatre ans, le transfuge radical pointait à 4000 voix de tous les candidats de la droite traditionnelle.
L’éventualité de vivre un second tour reste néanmoins ouverte. Si la droite réussit un bon score et qu’elle parvient à reprendre la majorité au Grand Conseil, elle pourrait lancer une liste unique avec deux PLR et un UDC le 26 avril. L’hypothèse d’une élection tacite des cinq meilleurs candidats sortis des urnes dimanche soir tient toutefois la corde. Ce scénario se répète invariablement depuis 1993.