Le début du mois de juillet a été pluvieux en Suisse, nul ne saurait l’ignorer. Les désagréments sont nombreux pour la population, allant des concerts ou autres festivités annulées pour cause de mauvais temps aux inondations destructrices.

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L’accumulation des précipitations sur le pays est si importante – il est tombé assez d’eau en trois jours pour remplir entièrement les lacs de Neuchâtel, des Quatre-Cantons et la moitié du lac de Zurich, rappelait MétéoSuisse samedi – qu’elle inquiète désormais sérieusement les autorités. Plusieurs lacs et rivières ont été classés à un niveau de danger 4 sur 5 par l’Office fédéral de l’environnement, qui indique que «de nombreux débordements de cours d’eau et de lacs ainsi que des inondations» sont possibles.

La raison de cette inquiétude vient des fortes précipitations qui sont (encore) attendues lundi et jeudi. Deux «événements majeurs» provoqués par les «restes de l’ouragan Elsa», qui s’est abattu la semaine dernière sur les côtes de la Floride et finit sa course en s’approchant «des côtes de la France et viendra s’installer sur les Alpes cette semaine», écrit MétéoSuisse sur son blog. L’office souligne la grande «incertitude» provoquée par cette situation. Des alertes pour fortes pluies ont été émises pour de larges pans du territoire national, notamment pour la quasi-totalité de la Suisse romande.

Les pompiers sont prêts à être mobilisés dans plusieurs régions. A Genève, ou entre 50 et 80 litres de pluie par mètre carré sont attendus dans la nuit, le niveau du Rhône et surtout celui les cours d’eaux annexes sont proches de déborder.

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«Une situation tendue»

«On est dans une situation tendue», a déclaré lundi soir sur les ondes de la RTS Carlo Scapozza le chef de la Division hydrologie de l’Office fédéral de l’environnement. «Il faut s’attendre encore à une montée des niveaux d’eaux dans les lacs», a-t-il dit, ajoutant que «les risques de glissements de terrain vont augmenter surtout dans les zones préalpines» en raison des terrains déjà gorgés d’eaux.

La Suisse centrale a connu un avant-goût de ce phénomène ce week-end. A Wolfenschiessen (NW), la route cantonale et une voie ferroviaire ont été recouvertes de gravats et plusieurs habitants ont été évacués.

L’Aar en crue

Le cours de l’Aar est particulièrement touché depuis plusieurs jours. Lundi après-midi, le niveau du lac de Thoune était à une dizaine de centimètres d’atteindre son niveau de crue, fixé à 558,30 mètres, l’avant-veille il avait même flirté avec cette limite, en raison d’un dispositif de régulation défectueux. En l’occurrence, l’abaissement du lac était entravé par des problèmes techniques du tunnel d’évacuation des crues. Le lac voisin de Brienz était lui à une cinquantaine de centimètres de son seuil d’alerte lundi, indiquait l’ATS. La navigation a en conséquence été interdite sur les deux plans d’eau dès mardi et au moins jusqu’à vendredi, a annoncé la compagnie BLS.

Malgré les mesures prises pour endiguer (littéralement) l’arrivée des eaux en aval, les problèmes se répercutent inexorablement le long de l’Aar. A Berne, où le débit du cours d’eau a atteint près de 500 mètres cubes par seconde les autorités se sont préparées dès ce week-end à d’éventuelles inondations en préparant des digues flottantes.

Plus en aval encore, sur les rives bâloises du Rhin, le niveau des eaux est également élevé. La navigation sur le fleuve est interdite depuis plusieurs jours.

Autre alerte, le lac des Quatre Cantons a lui aussi été placé en degré de danger 4. La ville de Lucerne dit se préparer à une montée des eaux et les pompiers ont disposé des sacs de sable sur les rives de la Reuss.