«La nouvelle politique agricole positionne mieux l’agriculture sur le marché»
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Selon Bernard Lehmann, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture, la PA 14-17 mise sur la qualité
- Quels sont les principaux avantages de la PA 14-17?
- Avec le même montant de deniers publics, soit 3,4 milliards de francs par année, on peut obtenir un output de prestations écologiques plus conséquent. La politique agricole donne ainsi la possibilité de mieux protéger les ressources exploitées par l’agriculture, dont le sol, ou la biodiversité. Elle permet également de diminuer les émissions d’ammoniac et de méthane dans l’air. Enfin, elle permet de produire des services environnementaux, comme par exemple les surfaces de compensation écologique. Elle assure ainsi la durabilité à long terme de la production.
Un autre progrès réside dans le soutien pour augmenter l’aptitude de l’agriculture à travailler avec le marché, et cela à moyens constants. La nouvelle politique agricole aide l’agriculture à mieux positionner ses produits en produisant de la qualité irréprochable. Elle incite à abaisser les coûts de production de façon substantielle en évitant des erreurs d’investissement, et pousse les agriculteurs à se mettre en réseaux économiques, à créer des alliances stratégiques entre les exploitations.
- Selon vos prévisions, la PA 14-17 devrait augmenter le revenu des agriculteurs. Avez-vous tenu compte du franc fort?
- Le revenu a été calculé sur la base d’un franc à 1,35 franc. Il est clair que la force du franc va peut-être s’avérer préjudiciable. Mais avec l’ancienne politique agricole, le revenu serait inférieur. En misant sur la qualité, la nouvelle politique agricole positionne mieux l’agriculture sur le marché.
- La suppression des contributions liées aux animaux ne va-t-elle pas pénaliser les petits agriculteurs disposant de peu de surface?
- Il fallait corriger certains excès qui nuisent à l’écologie. Les paiements directs sont toujours attribués selon la surface, avec l’exigence d’une charge minimale de bétail. Celui qui avait peu de surface et beaucoup de bêtes avait beaucoup de contributions. Avec le nouveau système, nous donnons davantage de contributions à l’exploitation du sol dans les terrains en pente, pour la gestion de la biodiversité en montagne, ou pour l’alpage. Il y aura des cas de diminution de revenus, qui resteront isolés, pour autant que l’on saisisse les possibilités d’adaptations offertes.
- Les agriculteurs craignent que le nouveau système, en allouant davantage de fonds aux prestations écologiques, ne pénalise l’agriculture productive.
- Les contributions à la sécurité de l’approvisionnement soutiennent la production, de même que les contributions au paysage cultivé, au système de production bio et extenso, si bien que les agriculteurs ont beaucoup plus de moyens soutenant la production qu’ils ne le pensaient à l’époque de l’interprétation initiale du projet.
- Les paysans disent qu’il est difficile de parvenir à une réduction des coûts.
- Nous voulons inciter les agricultuers à mieux investir afin qu’il y ait moins de charges d’amortissement. Il s’agit aussi de les préparer à l’ouveture des marchés, et d’aider l’agriculture à subir ce choc.
- L’agriculture coûte cher. Est-il vraiment nécessaire de donner autant d’argent à un secteur qui peine à s’adapter à la libéralisation du marché?
- Il y a deux ans, une étude représentative de l’Université de St-Gall a montré que les Suisses étaient satisfaits de la politique agricole. Mais la situation pourrait changer dans quatre ans, si les conditions économiques continuent de se dégrader et si les recettes de l’Etat diminuent. Cependant, nous savons que nous avons besoin de cet argent pour tenir la route au niveau environnemental. Si on laisse l’agriculture évoluer dans un marché totalement libre, elle va détruire l’environnement. Nous avons besoin de cette PA14-17 comme transition. L’agriculture coûtera moins cher, pas forcément au contribuable mais au consommateur.