Olivier Feller s'imagine en sauveur du Parti radical vaudois
VAUD
Le jeune député a présenté hier aux radicaux et à la presse sa proposition spontanée de réorganisation du Grand Vieux Parti. La bataille pour reprendre les rênes du parti est lancée.
Il trépigne. Forcément. Plus personne aujourd'hui ne peut ignorer qu'Olivier Feller a un œil sur le poste de président des radicaux vaudois. Si l'intéressé élude la question à chaque fois qu'on la lui pose par un «le poste n'est pas vacant» sur le ton d'un répondeur automatique, Olivier Feller a agi hier comme s'il revendiquait la place de Claude-André Fardel qu'il a pourtant autrefois poussé à la présidence du Parti radical.
Non élu lors de l'élection au Conseil national, le député de Genolier, 33 ans, a décidé de ne pas rester inactif. Dans un communiqué qu'il a envoyé hier à la presse et à une partie des membres de son parti, Olivier Feller lance son propre projet de réorganisation du Parti radical vaudois. Un projet qui met en avant deux pôles: le congrès, qui représente la base, et le président. Forcément. Un président qui aurait de la personnalité et la légitimité d'intervenir publiquement au nom du parti sur les questions d'actualité, dans les médias, et cela en permanence une année durant avant de remettre son mandat en jeu.
«Je suis fidèle à ce que je dis»
Un costume taillé pour Olivier Feller. «Ce projet n'est pas une manière de me propulser comme candidat à une quelconque fonction au sein du parti», précise pourtant son communiqué. «La politique ne m'intéresse pas pour le pouvoir mais pour l'action au service de principes et de valeurs.» Dans ce paragraphe de trop, Olivier Feller tente de faire croire qu'il est au-dessus de la mêlée, qu'il agit pour le seul bien du parti.
C'est sans doute en partie vrai, mais il n'y a plus besoin de lire entre les lignes pour comprendre ses ambitions. «Je suis fidèle à ce que je dis depuis le début, se défend-t-il. D'abord on doit s'occuper des structures du parti, ensuite des personnes. C'est seulement après la mise en place de ces nouvelles structures que ma candidature à la présidence sera envisageable.»
Il faut dire que, dans l'immédiat, Olivier Feller a raison. Le poste n'est pas vacant. Ou ne l'est plus, on ne sait pas très bien. Le 28 novembre dernier, un communiqué du Parti radical, signé du président Claude-André Fardel et du secrétaire politique Gilles Meystre, annonçait un grand «aggiornamento» du parti, qui sortait laminé des élections fédérales, suivi d'un congrès extraordinaire en avril. Un congrès qui sera, toujours selon le communiqué, «l'occasion, pour le bureau exécutif, de transmettre les rênes du parti à de nouvelles personnalités qu'il conviendra d'élire».
La presse, dont Le Temps, annonçait ce que tout le monde avait cru comprendre: Claude-André Fardel passera le témoin à cette occasion (LT du 29.11.2007). Mais, le lendemain, ce dernier démentait les propos du communiqué radical dans les colonnes de 24 heures, en expliquant que la phrase en question n'aurait pas dû y figurer, qu'il n'avait pas été assez attentif. De son côté, le secrétaire politique, rédacteur du communiqué, ne cachait pas sa stupéfaction.
Pour couronner le tout, les deux hommes signaient ensuite un nouveau communiqué pour «clarifier la situation» et pour préciser qu'il fallait comprendre que c'est ultérieurement au congrès d'avril qu'il s'agira d'élire les nouvelles personnalités à même de reprendre le parti en main.
«C'est dégueulasse»
Cafouillage? Tentative de putsch? Les allégations vont bon train dans les rangs du Parti radical. Et ils sont nombreux à croire qu'on a tenté de forcer la main à Claude-André Fardel. Une attitude volontiers qualifiée de «dégueulasse» par certains.
C'est dans cette ambiance de dépression post-électorale qu'arrive la proposition spontanée de réorganisation du parti concoctée par Olivier Feller. Un projet «qui va dans le bon sens, selon Sébastien Lepraz, secrétaire romand du Parti radical suisse. On n'est plus dans le protocole vaudois. C'est la vision d'un parti moderne, adapté à la bataille politique permanente.» «J'ai beaucoup de respect pour Olivier Feller, mais je condamne la forme. Quand on adresse une proposition à son parti, on ne s'adresse pas directement à la presse», s'agace le municipal et conseiller national Olivier Français.
Qui soutient qui et quoi? Difficile d'y voir clair tant le Parti radical vaudois nage en eaux troubles. Des structures à réorganiser, une nouvelle présidence à préparer, un style, des stratégies à élaborer avec en sus le risque, à la longue, de s'épuiser en querelles stériles entre les partisans d'un président proche de la ligne du président du Conseil d'Etat, Pascal Broulis, ou plus indépendant de la ligne gouvernementale.
Le frondeur Olivier Feller relativise: «Lorsqu'un parti est en difficulté, l'opinion publique s'attend à un acte symbolique fort. Je comprends cette attente, mais réformer le Parti radical est un travail de longue haleine. Ce n'est pas quelques mois ou quelques semaines qui vont changer quelque chose.»