A trois mois des votations fédérales, les opposants à l’initiative populaire «contre les rémunérations abusives» montent déjà au créneau. Un comité inter-partis a appelé lundi à refuser ce texte le 3 mars prochain et à soutenir le contre-projet concocté par le Parlement.

Le comité «non à l’initiative Minder» réunit des politiciens PDC, PLR, PBD et Verts libéraux ainsi que des représentants isolés des Verts, du PS et de l’UDC. A leurs yeux, ce texte représente un «cas classique d’auto-goal pour la Suisse», car il menace toutes les entreprises et donc l’emploi, sans toutefois empêcher le versement de salaires ou de bonus excessifs.

«Accepter l’initiative reviendrait à se tirer une balle dans le pied», a martelé le conseiller national Gerhard Pfister (PDC/ZG) lors d’une conférence de presse à Berne. Pour lui, le texte «enferme les entreprises suisses dans un carcan réglementaire sans pareil au monde en les assujettissant à 24 exigences extrêmes».

Ces dispositions cimenteraient le droit de la société anonyme dans la constitution. L’initiative porte en elle le «germe bureaucratique, qui une fois développé touchera toutes les entreprises», même celles qui ne sont pas cotées en bourse, a renchéri son collègue Jean-François Rime (UDC/FR).

Prenant le contre-pied de son parti, le conseiller aux Etats Claude Janiak (PS/BL) n’a pas été en reste. Il n’est pas étonnant que l’initiative embarrasse même les milieux syndicaux; elle résout moins de problèmes qu’elle laisse croire et a surtout pour effet d’en créer de nouveaux, a-t-il fait valoir.

Le contre-projet garantit davantage de transparence en instaurant un règlement de rémunération et l’obligation de rapporter chaque année. Autre aspect oublié dans l’initiative: la restitution des salaires et des bonus perçus indûment.

Le contre-projet propose un système efficace: pour engager une action en restitution, il suffira de constater une disproportion manifeste entre les performances de la société et la contre-prestation, a noté la conseillère aux Etats Karin Keller-Sutter (PLR/SG).

De type émotionnel, la campagne de votation ne «sera pas une partie de plaisir», a estimé Martin Landolt (PBD/GL). Son parti, bourgeois-démocratique, a pris en main la gestion de la campagne politique, après le désistement des grands partis bourgeois. L’UDC ne rendra son mot d’ordre que le 26 janvier.

Mais le comité aura le soutien financier des milieux économiques, prêts à sortir les grands moyens pour couler l’initiative. L’organisation faîtière economiesuisse pourrait ainsi engager entre cinq et huit millions de francs. Les chiffres précis seront déterminés au fil de la campagne et du risque d’acceptation de l’initiative, d’après M.Landolt.