L’ancien conseiller fédéral Otto Stich est décédé à l’âge de 85 ans, a annoncé jeudi le président du Conseil national, Hansjörg Walter. Le socialiste soleurois a siégé au gouvernement de 1984 à 1995. Retour sur sa carrière politique en se baladant subjectivement dans les archives du Temps, composée des titres dont il est l’héritier, le Journal de Genève (JdG), la Gazette de Lausanne (GdL) et Le Nouveau Quotidien (LNQ).

Selon le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, Otto Stich est le fils de Friedrich Otto, mécanicien et conseiller communal, et de Frieda Rosa Gunzinger. Il se marie en 1957 avec Gertrud Stampfli, fille d’Oskar, greffier au tribunal. Après une maturité commerciale à Bâle, il fait des études d’économie et de science financière dans la même ville (doctorat en sciences politiques, 1955) puis est maître de branches commerciales dès 1953 et chef du personnel de Coop Suisse de 1970 à 1983. Président de la commune de Dornach (SO/1957-1965) – qui est aussi celle de l’anthroposophe Rudolf Steiner – et préfet du district de Dornek-Thierstein de 1961 à 1970, l’homme est signalé pour la première fois dans le JdG le 3 novembre 1967, qui publie la liste complète des 200 députés élus au Conseil national.

A la Chambre du peuple, il se signale notamment par ses interventions déjà rigoristes dans le JdG du 10 décembre 1975, lors du débat sur le budget fédéral de l’année suivante, que couvre le regretté Pierre-André Stauffer.

Conseiller national socialiste de 1963 à 1983, Otto Stich est élu au Conseil fédéral en 1983 , grâce à la majorité bourgeoise, qui ne veut pas de la Zurichoise Lilian Uchtenhagen, candidate officielle du PS et qui aurait été la première femme élue au Conseil fédéral. C’est néanmoins «un coup de théâtre attendu», selon Daniel S. Miéville, dans la GdL du 8 décembre 1983.

Aussitôt élu, le 12 décembre 1983, il se déclare partisan de l’énergie nucléaire en Suisse et prend position en faveur du projet très contesté de centrale atomique à Kaiseraugst.

Trois jours après, le nouvel élu est fêté à Soleure.

Juste avant Noël de la même année, le Vaudois Georges-André Chevallaz lui transmet les clés du Département fédéral des finances. Otto Stich dirigera d’ailleurs ce département jusqu’à sa démission en 1995.

Mais avant même d’être en place, il s’attire les foudres de l’éditorialiste Jacques Simon Eggly, sur le dossier des banques (déjà!).

Le 10 décembre 1987, .Otto Stich est élu président de la Confédération pour l’année suivante

Année «fascinante», dit-il, au terme de laquelle il se déclare «fort satisfait».

Le 16 mai 1992, dans LNQ, Yves Petignat lui souhaite déjà une «Bonne retraite, M. Stich!», affirmant que «sa raison d’être au Conseil fédéral prend fin» le dimanche suivant, lorsque la Suisse adhère aux institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international, à la suite d’une votation populaire.

Le 8 mars 1993, le Conseil fédéral, par sa voix, est «ravi» de l’acceptation par le peuple suisse, la veille, de la loi fédérale concernant l’augmentation des droits de douane sur les carburants.

Il est élu une deuxième fois président de la Confédération, pour 1994. Joëlle Kuntz en brosse un portrait décapant le 8 décembre 1993.

Cette année là, il reçoit notamment:

Lech Walesa , le président polonais, à Berne.

… ainsi que les présidents Bill Clinton et Hafez el-Assad à Genève, pour un sommet américano-syrien.

Les critiques dont sa gestion faisait l’objet culminent en 1995, avec la création d’une commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner les problèmes relatifs à l’organisation et à la conduite de la Caisse fédérale de pensions.

Il est désormais raillé par les Romands, mais moins par les Alémaniques.

Désormais seul et fatigué, il démissionne avec effet au 31 octobre 1995 , avant le terme de la législature, tactique qui permet au PS d’engranger de beaux scores lors de élections fédérales de la même année. Le Zurichois Moritz Leuenberger lui succédera en tant que socialiste pour de longues années; le radical lucernois Kaspar Villiger reprendra les rênes des Finances.

Au lendemain de son départ, le 1er septembre 1005, la très crainte Françoise Buffat du JdG/GdL rend «hommage aux ministres grippe-sou» dans un éditorial resté célèbre . Elle compare Otto Stich au Français Alain Madelin et au Genevois Olivier Vodoz.

Une dernière fois, le 18 octobre 1996, Jacques-Simon Eggly voit en lui «l’homme qui n’écoutait personne».