Près de 4 milliards de francs par an. Soit 6% du budget de la Confédération, pour moins de 2% de la population active. La politique agricole suisse pèse lourd.
Il n’est pourtant pas question de payer moins dans la réforme dont débat jeudi prochain le Conseil des Etats. L’enveloppe des paiements directs, qui constituent l’essentiel de cette politique, restera constante.
Payer autant mais en ciblant mieux, tel est le slogan. Le prochain plan quadriennal de la politique agricole (PA 2014-2017) prévoit de distribuer les subventions de l’Etat selon de nouveaux critères.
Les paiements directs généraux, qui constituent aujourd’hui 80% de la manne, n’en formeront à terme plus que la moitié. A l’inverse, les versements liés à des prestations pour l’écologie ou le bien-être des animaux montent en puissance.
Symbole de ce tournant: l’abandon de la prime à la vache comme instrument central. Les subventions distribuées selon les têtes de bétail ont des effets pervers incontestés: trop de bétail, trop de lait et de viande, trop de charge pour l’environnement.
Au Conseil national, la PA 2014-2017 a été largement acceptée. La majorité du PDC et du PLR, avec un appui décisif des socialistes et des Verts, a approuvé le poids renforcé donné au rôle de l’agriculture dans la compensation écologique, la diversité biologique, la protection de l’environnement. C’est dans ce paquet que figurent les contributions à la qualité du paysage (les fameux subsides pour les bancs) qui ont fait couler beaucoup d’encre.
Le principe d’une aide massive à l’agriculture n’est guère contesté. Les Verts libéraux sont les plus critiques: leur synthèse du libéralisme et de l’écologie les conduit à remettre en question tout subventionnement lié à la production.
Conservateurs et sceptiques, issus notamment du terroir et de l’UDC, comptent maintenant sur les Etats. Des propositions pour revenir à la prime à la vache ont eu gain de cause en commission. Cela suffira-t-il à renverser la tendance?
Les organisations officielles de la paysannerie résistent unanimement au changement. Cela n’empêche pas certaines chambres d’agriculture de préparer leurs membres à la nouvelle ère, par leurs activités de conseil. Quitte à se faire traiter de schizophrènes.