Publicité

Ce pays où il fait si bon vivre: les conseillers fédéraux ont fait dans la surenchère

Johann Schneider-Ammann écrit un mail béat à Guillaume Tell, Doris Leuthard s'émeut du «privilège» de vivre en Suisse: les discours des ministres fédéraux ont brillé dans le registre de la fierté nationale. Pour son ultime allocution, Didier Burkhalter a osé l'Europe

Didier Burkhalter et son épouse Friedrun à Aigle, ce mardi 1er août 2017. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Didier Burkhalter et son épouse Friedrun à Aigle, ce mardi 1er août 2017. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Une ode à la Suisse. C'est en ces termes que l'on pourrait résumer les discours du 1er août des sept conseillers fédéraux. A l'instar de la présidente de la Confédération Doris Leuthard , ils ont tous rappelé «le privilège que nous avons de vivre ici».

Un pays «où il fait bon vivre», a souligné mardi la ministre de l'environnement dans sa traditionnelle allocution de la Fête nationale. «C'est une réussite que l'on nous envie et dont nous pouvons être fiers.» La veille, elle s'était montrée un peu plus politique, en appelant à poser sur la table la question des relations avec l'UE.

Même son de cloche du côté de Johann Schneider-Ammann qui s'était notamment rendu à Riddes lundi soir. Le ministre de l'économie a fait l'éloge des valeurs helvétiques qui ont bâti la prospérité «exceptionnelle» dont peut s'enorgueillir le pays. Le PLR bernois a imaginé s'adresser à Guillaume Tell pour lui résumer le parcours de la Suisse, dans une lettre ou un email qui aurait été «empreint de fierté».

Lire aussi: Les Suisses se désintéressent du 1er Août

Une Suisse au top

Le ministre des finances Ueli Maurer a pour sa part rappelé l'importance de la liberté. Elle est au fondement «du succès de la Suisse», a lancé l'UDC à Goms, dans le canton du Valais. Le pays et ses entreprises se trouvent presque partout à la pointe, la Suisse se place parmi les Etats les plus riches du monde et la qualité helvétique est mondialement connue, a relevé le Zurichois dithyrambique.

Les Suisses ont façonné le pays «le plus attractif du monde», a renchéri le ministre de la défense Guy Parmelin depuis Wimmis, dans le canton de Berne, qui se rendait en soirée à Yvorne. Un pays sûr et prospère, selon le Vaudois, dont les institutions sont stables, les services publics efficaces et les infrastructures fiables.

Une stabilité également saluée par le ministre de l'intérieur Alain Berset. Celle-ci n'est pas née de l'immobilisme, mais au contraire de forces dynamiques et de l'ouverture du pays au monde, a noté le socialiste Fribourgeois lundi soir au col du Julier, dans les Grisons. Il inaugurait la Tour d'Origen, une salle de théâtre éphémère.

Appels à la solidarité

Un privilège qui s'accompagne toutefois de responsabilités, notamment envers les pays en guerre, ont rappelé Doris Leuthard, Simonetta Sommaruga et Didier Burkhalter, qui prononçait son dernier discours du 1er août en tant que conseiller fédéral.

D'après Simonetta Sommaruga , il faut améliorer les conditions de vie des migrants dans leur pays d'origine. Il faut éviter qu'ils ne se mettent en danger et finissent entre les mains des passeurs.

Agir sur place, mais rester solidaire: «Pour les personnes qui fuient la guerre et la persécution, notre pays doit garder ses portes ouvertes, aujourd'hui comme hier», a déclaré la socialiste à Môtiers, dans le canton de Neuchâtel.

Elle en a profité pour louer le Val-de-Travers, «un très long val qui mousse de boissons», mais surtout une terre d'accueil. La ministre bernoise a d'ailleurs passé son après-midi au centre d'hébergement de Couvet qui accueille des réfugiés depuis plus de vingt ans.

«Nous vivons dans un monde qui inquiète», fait de crises, de guerres et de concurrence acharnée entre les nations, a quant à lui souligné le ministre des affaires étrangères, démissionnaire au 31 octobre. Mais la Suisse sait être une constante force de paix pour l'humanité et mener une politique étrangère indépendante et impartiale.

Didier Burkhalter parle Europe

Didier Burkhalter n'a pas oublié le dossier européen dans son discours. Les relations entre la Suisse et l'Union européenne se doivent d'être à la fois «étroites et flexibles». L'avenir consiste à consolider la voie bilatérale. Il faudra à la fois garantir les emplois en Suisse et faire respecter les institutions politiques helvétiques, a-t-il résumé mardi depuis les Diablerets.

© JEAN-CHRISTOPHE BOTT
© JEAN-CHRISTOPHE BOTT

«Personne ne veut brader la Suisse à l'Europe, comme certains le prétendent encore et toujours. Le Conseil fédéral encore moins», abondait Doris Leuthard lundi à Lucerne.

Consulter notre dossier sur la succession Burkhalter.

Aucun Etat européen ne peut aujourd'hui protéger seul son territoire et son peuple, tout comme la Suisse, a tranché la PDC argovienne qui a annoncé quelques heures auparavant qu'elle ne briguerait pas un nouveau mandat de conseillère fédérale.

Et n'oublions pas les responsabilités du citoyen

Le défi européen montre que tout n'est pas rose non plus. Il ne faut pas se reposer sus ses lauriers, ont mis en garde les conseillers fédéraux. «Nous devons toujours faire mieux, nous devons rester vigilants et être flexibles», a insisté Johann Schneider-Ammann.

Et son collègue Guy Parmelin, ministre de la défense, de rappeler les responsabilités qui incombent au citoyen: être disponible pour autrui, s'efforcer d'être un exemple, faire preuve de franchise, exercer sa liberté de jugement, rester curieux de tout.