Mobilité
Le canton se lance dans une enquête auprès de la population genevoise, vaudoise et française. Malgré le fait que la Confédération ait préféré Zoug à Genève pour mener la phase de test de tarification de la mobilité

A Genève, on n’a pas perdu la foi dans l’étude d’un péage urbain. Quand bien même, début juillet, Berne recalait le canton du bout du lac pour mener un test de tarification de la mobilité, lui préférant Zoug, le Département des transports de Luc Barthassat persiste et signe. Il présentait hier la nouvelle étape de son projet: une enquête auprès de la population.
Lire aussi: Genève travaille sur un projet de péage urbain
En 2015, le Grand Conseil a adopté un crédit d’étude préliminaire de 250 000 francs pour une étude sur les impacts d’un péage urbain en matière de congestion du trafic, de pollution, de coûts et de recettes. Un groupe de travail a d’abord réalisé des comparaisons avec des villes européennes où le péage urbain a cours. La semaine prochaine, le canton démarre, en collaboration avec la Haute Ecole de gestion et le bureau de recherche 6t, le sondage par Internet de 1500 personnes du Grand Genève – la moitié dans le canton, et l’autre moitié à l’extérieur, soit Vaud et la France voisine. Objectif: connaître leur degré d’enthousiasme devant différents modèles, puisque trois variantes leur sont proposées, y compris le statu quo.
Moyenne ceinture ou autoroute
Les sondés auront le choix entre plusieurs scénarios de prix et de rabais, ainsi que deux périmètres distincts, la moyenne ceinture routière et l’autoroute. Même si ce dernier modèle pose problème, «puisque la partie sud de celle-ci se trouve sur la frontière», admet Damien Cataldi, chef du projet. C’est-à-dire en porte-à-faux avec le droit européen. L’étude renonce à proposer un péage dans l’hyper-centre, dont il a été démontré le peu d’efficacité en termes de désengorgement du trafic. Un modèle simule aussi la traversée du lac, pourtant encore dans les limbes. Le questionnaire interroge également sur l’utilisation préférée des recettes du péage, comme le financement des transports publics, les mesures environnementales, la traversée du lac ou les infrastructures de transport.
«Berne changera son fusil d'épaule»
L’enquête permettra d’estimer l’impact d’un péage sur les comportements de mobilité des individus, mais aussi de dégager l’opinion générale quant à un système global de tarification de la mobilité. C’était précisément une lacune que Berne reprochait à Genève. Mais si le canton a corrigé le tir, n’est-ce pas trop tard? «Genève n’a pas été recalé, s’énerve le conseiller d’Etat Luc Barthassat. Pour participer, nous avons posé la condition de pouvoir aussi parler du péage urbain, ce que Berne n’a pas voulu. Quand la Confédération verra que d’autres cantons comme Zurich sont intéressés à notre étude, elle changera son fusil d’épaule.»
Un optimisme partagé par le député socialiste au Grand Conseil et membre de la commission des transports Thomas Wenger: «Il est important pour Genève de finaliser cette étude, même si Zoug a été préféré. Nous devons pouvoir modéliser la baisse du trafic et la hausse d’affluence dans les transports publics induites par le péage. Et j’ai bon espoir que notre canton sera retenu dans une deuxième phase.»