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Les pendulaires de la CGN, dédommagés mais toujours mécontents

La compagnie a indemnisé les usagers restés à quai lors de la suppression du service au mois de février en raison de forts vents. Un groupe de passagers déplore le gaspillage des deniers publics

© Keystone
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Au début du mois de février, une bise violente a cloué au port pendant trois jours les bateaux de la Compagnie générale de navigation du lac Léman (CGN). Du jamais-vu. Les frontaliers français et suisses ont été contraints de trouver d’autres solutions pour se rendre au travail. Ce mardi, et c’est inédit aussi, la CGN a dédommagé ces usagers. Au petit matin, les passagers en provenance de France ont reçu des allers-retours remplaçant les courses perdues de leurs abonnements pour un montant estimé à une centaine de milliers de francs.

L’effort, apprécié en général, n’a cependant pas satisfait tout le monde. Certains ont critiqué «le gaspillage de deniers publics» alors que la CGN «s’entête à ne pas moderniser ses infrastructures».

Un geste salué

L’association des «Pendulaires du Léman», de son côté, salue le geste. Par contre, Olivier Simon, vice-président, constate que les problèmes de desserte sont chroniques. Malgré la création d’un groupe de travail franco-suisse, «rien ne vient. Les autorités politiques se renvoient la balle.»

Le collectif se distingue du Groupement transfrontalier européen (GTE) qui défend les intérêts des frontaliers franco-suisses. Cet organe, plus institutionnel, est un partenaire de longue date des autorités des deux pays. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer depuis longtemps le manque d’anticipation de la CGN.

Entre 1800 et 2200 passagers par jour

Nuria Gorrite, jointe au téléphone, comprend le désagrément subi par les voyageurs. La magistrate socialiste, responsable du dossier au sein du Conseil d’Etat vaudois, rappelle toutefois que les choses avancent. Des négociations sont en cours et se poursuivent. Le dossier est complexe. Un dossier qui préoccupe depuis longtemps les gouvernements cantonaux de Vaud, Genève et Valais – qui détiennent la majorité du capital de la compagnie – ainsi que les autorités de Haute-Savoie.

En outre, les élections municipales de 2014 ainsi que les départementales de cette année ne sont pas étrangères à quelques atermoiements des autorités de Haute-Savoie en place.

Le succès des lignes empruntées par 1800 à 2200 passagers chaque jour est devenu au fil des ans un casse-tête. La CGN adapte constamment le service. Non sans susciter parfois la grogne des pendulaires. Comme en 2013, quand les capacités de transport ont été améliorées au détriment de la vitesse des traversées.

Un budget de 35 millions de francs par année

Dans le cadre d’une planification à plus long terme destinée à résoudre durablement les difficultés de la CGN, les cantons romands et le département français ont lancé une étude pour définir les besoins pour les années à venir: nouveaux bateaux, reconfiguration des débarcadères, réseaux de bus et parkings, notamment sur la rive méridionale du lac.

Le financement est le nerf de la guerre. A l’heure actuelle, les collectivités publiques helvétiques assurent le développement et l’entretien des équipements. Quant au budget de plus ou moins 35 millions annuels, il est couvert à 80% par les recettes de la CGN. Les cantons romands avec la France, qui verse 1 million de francs par an, comblent le découvert.

Les Romands souhaitent que leur voisin participe davantage aux investissements et aux frais d’exploitation. Il est exclu, répète Nuria Gorrite, que Vaud, Genève et Valais assument la totalité des engagements. Les Français sont d’accord sur le fond. Encore faut-il décider combien.

Emergence d’une nouvelle entité juridique?

Par ailleurs, la législation en vigueur ne permet pas à l’Etat français de verser des subventions à une société étrangère. C’est pourquoi, une autre réflexion, toujours en cours, a démarré afin d’établir la forme juridique d’une entité nouvelle coiffant les activités de service public du transporteur. Par ce biais, Paris pourra allouer sa part des fonds nécessaires à la modernisation et au renforcement de la desserte.

Pour revenir à la bise, le réaménagement des ports contre les aléas de la météo reste primordial. Mais il incombe à la France. Les difficultés budgétaires transalpines semblent interdire tout espoir d’une amélioration rapide des infrastructures. Au grand dam des pendulaires.