Phénomène exceptionnel: le manque de conducteurs de train au sein des CFF a engendré l’annulation de 25 correspondances. Une situation provoquée par un manque de personnel, plusieurs travaux et l’instauration de trains supplémentaires en vue du long week-end de l’Ascension.

«La demande supplémentaire en conducteurs de train qui en a résulté a été sous-estimée lors de la phase de planification», se justifie Reto Schärli, le porte-parole des CFF, auprès du Blick. Dans son édition du jour, le quotidien n’hésite pas à parler d’une «grave pénurie» entraînant la «paralysie» du trafic ferroviaire.

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En effet, les trains des lignes S19 et S42 ne circulaient pas dans la région Zurich-Argovie le mercredi 29 mai matin et soir. Un jour qui aurait été «délibérément choisi», selon les informations du Blick, car «moins de passagers se rendent au travail peu avant les jours fériés». Suite à ces perturbations, les CFF ont présenté leurs excuses aux passagers.

Déplacements en taxi

Le manque de conducteurs est une «situation bien réelle mais pas nouvelle», affirme Marc Engelberger, le représentant du Syndicat suisse des mécaniciens de locomotive et aspirants (VSLF) pour la Suisse romande. «En fonction des périodes, la pénurie peut être plus ou moins marquée.» Il précise que cette situation est généralisée et ne concerne pas que les CFF. «Les besoins peuvent varier très rapidement, parfois même d’un jour à l’autre, ce qui rend la situation assez imprévisible et complexe à gérer.»

René Zürcher, secrétaire du Syndicat du personnel des transports (SEV), confie que les mécaniciens doivent «jongler d’une ligne à l’autre pour assurer les liaisons, se déplaçant parfois en taxi. Il y a un manque chronique de personnel dans la région zurichoise. Mais il y a aussi des sous-effectifs à Bâle, Bienne, Neuchâtel ou Vallorbe. Des journées de formation sont même supprimées pour que les mécaniciens puissent assurer leur service.»

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Le week-end de la Pentecôte sera-t-il également touché par ce manque de personnel? «Les trains supplémentaires prévus pour ce week-end sont assurés», indique le porte-parole des CFF. «Des synergies utiles ont été supprimées par la direction des CFF, regrette René Zürcher. Depuis le 1er avril, les répartiteurs [chargés de la planification du personnel] de Suisse romande ne sont plus tous basés à Lausanne, mais dans leurs villes respectives, ce qui ne facilite pas la communication.»

Reto Schärli pointe également les difficultés de recrutement auxquelles les CFF font face. «Les jeunes générations sont moins intéressées par le métier de conducteur», regrette-t-il. Pour Marc Engelberger, les freins principaux sont le salaire «relativement modeste» versé par les CFF aux personnes en formation et l’irrégularité des horaires de travail. «Cela ne permet pas d’attirer suffisamment de gens potentiellement intéressés par ce métier, mais qui sont déjà employés et rémunérés ailleurs», déclare-t-il. Les deux syndicats essaient ainsi d’obtenir des améliorations des conditions de travail.

Des plages horaires «extrêmes»

Les plages horaires des tours de service «deviennent bien souvent de plus en plus extrêmes, souligne Marc Engelberger. Il est devenu presque normal que les plannings soient modifiés à très court terme, parfois sans que le personnel concerné en soit informé. Cela rend l’organisation de la vie privée des mécaniciens assez difficile.» Et le syndicaliste d’ajouter: «Je connais relativement peu de gens qui soient attirés, en 2019, par le fait de devoir travailler entre deux et trois week-ends par mois.»