La situation sur le front des médicaments se dégrade encore en Suisse. Il y a désormais 125 produits sur la liste des médicaments indisponibles ou disponibles seulement en quantité limitée, quatre de plus qu’en début de semaine. Certains sont bien connus du grand public comme l’Aspegic, l’antibiotique Amoxicilline ou encore les stylos d’adrénaline auto-injectables Epipen.

L’Approvisionnement économique du pays (AEP) juge désormais la situation «problématique», relève ce mercredi le Conseil fédéral, après avoir été informé de la situation.

«L’aggravation ne se mesure pas seulement à la longueur de la liste, mais aux difficultés accrues à acheter et à importer, précise Christoph Trösch, porte-parole de l’AEP. Nous constatons que les pharmacies et les cabinets médicaux font face à une situation de plus en plus compliquée, notamment pour les antibiotiques oraux.»

Or il est plus difficile pour les autorités d’influer sur le secteur ambulatoire que sur le secteur hospitalier. En cause: le nombre plus grand de prestataires et l’absence de contrôle direct des grossistes.

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Une task force à la rescousse?

Pour faire face à l’urgence, la Confédération lance une task force. Elle est composée, entre autres, de représentants des pharmaciens cantonaux, de Swissmedic, de l’organisation faîtière des pharmaciens Pharmasuisse et de l’Office fédéral de la santé publique.

Active dès cette semaine, elle se penche sur les possibles mesures permettant des effets à court terme. «Elle va notamment instaurer des contacts supplémentaires avec l’industrie pour voir ce qui peut être mis en place rapidement», indique Christoph Trösch.

Le Conseil fédéral ne se montre toutefois pas très optimiste. «Ces mesures portent sur des perturbations isolées et peuvent au mieux détendre la situation ponctuellement», indique-t-il. A plus long terme, des travaux sont en cours pour «détecter les perturbations plus rapidement» et «faciliter leur gestion».

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Phénomène mondial et grippe locale

L’AEP rappelle que plusieurs facteurs sont à l’œuvre et que la pénurie d’antibiotiques est mondiale. Elle a été massivement aggravée par la pandémie de Covid-19 et des perturbations de production causées par les confinements, notamment en Chine.

Cette situation, conjuguée aux vagues de grippes et de maladies respiratoires des derniers mois, fait que l’offre ne suffit plus à couvrir la demande, même en Suisse. Il est également plus difficile de trouver des substituts pour les médicaments concernés, en raison d’un nombre croissant de retraits du marché.

En 2022, plus de 150 demandes ont été déposées pour aller piocher dans les réserves obligatoires de médicaments, un nombre jamais atteint auparavant. Et celles-ci ont été utilisées dans environ 120 cas.

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