Le canton le plus riche de Suisse coule une convention originale de péréquation en faveur de Zurich et de Lucerne.
Catherine Cossy, Zurich
Zoug, parmi les trois cantons à avoir rejeté la nouvelle péréquation financière en décembre dernier, n'en finit pas de mettre les bâtons dans les roues de l'entente confédérale. La semaine dernière, le parlement a fait capoter sans état d'âme un projet de péréquation culturelle avec les cantons de Zurich, Lucerne et Schwyz. La convention réglait la participation financière de Zoug et Schwyz aux grandes institutions culturelles des deux cantons-centres, avant tout Zurich. Le Grand Conseil, par 40 à 31voix, enterre ainsi deux ans de négociations délicates et patientes. Ce «ménage à quatre» sur une base volontaire aurait été une première dans le domaine de la culture. Zoug et Schwyz auraient pris à leur charge, proportionnellement à leur nombre de spectateurs, le déficit de quelques grandes institutions culturelles de leurs voisins: l'Opéra, le Schauspielhaus et la Tonhalle à Zurich, ainsi que le Centre de concerts et de congrès KKL, l'Orchestre symphonique et le théâtre à Lucerne.
Schwyz, dont on attendait qu'il se montre le partenaire le plus difficile à gagner à cet accord, avait pourtant accepté à une confortable majorité de verser 2,3 millions de francs à Zurich et à Lucerne. «L'attractivité de notre canton profite aussi de l'offre culturelle de Zurich», avait notamment déclaré le gouvernement lors des débats.
Désastreux pour l'image
Zoug, qui verse déjà depuis 1998 1 million de francs à l'Opéra de Zurich sur une base volontaire, aurait vu sa contribution passer à 2,6 millions de francs. Seuls les Verts alternatifs et une majorité du PDC, aux côtés du Conseil d'Etat, ont plaidé pour cet accord culturel. Ils ont eu beau argumenter avec les effets désastreux sur l'image du canton, la majorité n'a rien voulu savoir. «Notre canton a de toutes façons mauvaise réputation», ont déclaré les uns. Tandis que les autres répétaient une fois de plus que «Zoug n'est pas la vache à lait de la Suisse». Mais c'est l'opposition socialiste qui a fait définitivement pencher la balance: les camarades n'ont pas voulu payer pour «la culture élitaire». Les voisins sont consternés.
Les représentants des gouvernements de Zurich, Lucerne et Schwyz ont exprimé leur grande déception. Seule une renégociation de l'accord pourrait relancer la procédure. Mais les Zougois ont fait un calcul à courte vue; dans le cadre de la nouvelle péréquation financière, ils risquent bientôt de devoir payer davantage encore.