Succession de Philipp Müller
La conseillère nationale schwyzoise est la seule candidate à la présidence du PLR. Elle travaille dans une société financière à Zurich

«Ce qui est privé est privé. Et cela restera ainsi.» Les curieux sont avertis. Sur son site internet, Petra Gössi se livre très peu, qu’il s’agisse de son credo politique ou de ses loisirs. Au chapitre politique, elle énumère la liste de ses mandats parlementaires: conseillère nationale depuis 2011, cette libérale-radicale de Schwyz siège dans les commissions de l’Economie et des Affaires juridiques depuis 2015 et avait précédemment œuvré dans celles des Finances et des élections judiciaires.
Son credo se résume à cette phrase très générale: «La politique, c’est la passion. C’est un engagement très personnel pour le monde et pour les gens, avec lesquels et pour lesquels nous vivons.» Au chapitre privé, elle avoue une passion pour le sport et pose en tenue de plongée, l’une des activités qu’elle apprécie le plus en plus du ski, de la marche et de l’escalade. «J’aime être à l’extérieur. La diversité et la beauté, jusque dans ses moindres détails, de notre nature sont en tout temps et en tout lieu fascinantes», écrit-elle. Et ça s’arrête là.
On sait encore d’elle qu’elle a fêté ses 40 ans le 12 janvier, qu’elle est licenciée en droit de l’Université de Berne, qu’elle est domiciliée à Küssnacht am Rigi et qu’elle travaille pour la société financière Baryon AG à Zurich. Elle est conseillère fiscale et conseillère en entreprise dans cette société spécialisée dans la gestion de patrimoine.
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Si elle s’est décidée à se lancer se lancer dans la course à la succession de Philipp Müller à la présidence du Parti libéral-radical, Franz Steinegger n’y est pas étranger. Lui-même président du PLR suisse de 1989 à 2001, l’Uranais est le président du conseil d’administration de Baryon AG. Et l’on murmure que c’est lui qui a convaincu la présidente de la section schwyzoise du PLR de déposer sa candidature pour remplacer l’Argovien Philipp Müller. Baryon est par ailleurs un bastion radical: son directeur Martin Wipfli est chef de campagne du PLR schwyzois pour les élections cantonales de ce printemps.
Sur l’aile droite du PLR
Bien qu’elle siège à Berne depuis quatre ans, Petra Gössi, qui séjourne actuellement aux Etats-Unis et ne sera disponible pour répondre aux médias qu’à partir du 15 février, reste un mystère pour beaucoup au parlement fédéral. «Elle est d’une incroyable discrétion», confient plusieurs élus d’autres formations politiques. Elle s’est peu fait remarquer, mais l’une de ses interventions a fait des vagues. En 2014, elle a demandé que les contributions du canton de Schwyz à la péréquation financière soient placées sur un compte bloqué afin de contraindre la Confédération à diminuer les participations des cantons contributeurs. Cela a été diversement apprécié.
Ce sont les thèmes économiques et financiers qui l’intéressent le plus. Elle se situe sur le flanc droit du PLR, et cela depuis son arrivée au Conseil national en 2011, comme l’atteste le rating des parlementaires effectué chaque année par le sociogéographe Michael Hermann. Sur l’échelle gauche-droite allant de -10 à +10, elle s’est située à +3,2 de 2012 à 2014 et a glissé à droite à +3,8 en 2015. Elle se situe exactement au même niveau que son collègue bernois Christian Wasserfallen, qui a finalement renoncé à revendiquer la présidence du PLR, et que Gerhard Pfister, qui ambitionne de reprendre celle du PDC.
Ton monocorde
«Avec un tandem Gössi-Pfister à la tête du PLR et du PDC, ce sera à droite toute», pronostique un élu socialiste. Et ce sera Suisse centrale, toute! Gerhard Pfister vient de Zoug, Petra Gössi de Schwyz. Or, la Suisse centrale s’est plainte à l’occasion de la dernière vacance gouvernementale de ne pas disposer de suffisamment de ténors sous la Coupole fédérale. Contrairement au canton de Berne, qui compte deux conseillers fédéraux ainsi qu’un futur président de parti et un chef de groupe – les deux UDC Albert Rösti et Adrian Amstutz.
Si elle devient la nouvelle présidente du PLR, Petra Gössi devra encore faire ses preuves comme oratrice capable de convaincre les foules en public ou à la télévision. Elle n’est pas une virtuose du micro. Elle s’exprime de façon monocorde et a la fâcheuse habitude de laisser retomber l’intonation sur la dernière syllabe de chaque phrase. A l’aise en anglais, langue qu’elle utilise professionnellement, elle parle mieux l’italien, appris grâce à sa mère tessinoise, que le français. Si elle est élue à la présidence du PLR le 16 avril, elle souhaite conserver une activité à 60% auprès de son employeur actuel, a-t-elle confié à la NZZ la semaine dernière.