Qui, des juristes ou des médecins, céderont en premier pour sauver la vie du chanvrier? Le cas de conscience posé par l’affaire Rappaz, à cheval entre droit et éthique médicale, alimente tous les débats mais éclipse l’essentiel: la responsabilité pénale du chanvrier. Un homme prend aujourd’hui ouvertement position en faveur du condamné Rappaz en implorant le Grand Conseil de lui accorder la grâce: c’est Philippe Roch, l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement.

Dans un courrier adressé aux députés valaisans, Philippe Roch anticipe les débats du 18 novembre et devance les préavis de la Commission de justice (COJU) et du Conseil d’Etat qui attendront les parlementaires sur leur bureau pour le vote à huis clos. «Votre haute autorité est la seule qui puisse sortir le cas de Bernard Rappaz de son impasse. Je vous en prie, au nom de la raison, et de l’humanisme, graciez-le. Vous sauverez ainsi une vie, vous ne mettrez personne en danger, et nos consciences s’en porteront mieux», demande-t-il. «La justice a fait son travail avec un zèle inhabituel, elle a eu la main trop lourde».

Cette missive est, jusqu’à présent, et selon la présidente de la COJU Anne-Marie Sauthier-Luyet, l’unique demande de soutien à Bernard Rappaz qui soit parvenue aux élus valaisans mais elle n’a pas tardé à faire réagir. S’il siège ce jour-là, le député suppléant socialiste Gaël Bourgeois n’accordera pas la grâce au chanvrier qui a «transgressé la loi à plusieurs reprises et a été jugé pour ses actes.» Il a par ailleurs «utilisé les voies de recours possibles». «Il est inadmissible qu’il prenne en otage le système pénitentiaire, politique, judiciaire et médical dans le seul but de voir sa peine réduite ou annulée», poursuit l’élu.

La bienveillance témoignée par Philippe Roch dans son courrier aux députés valaisans – il considère Bernard Rappaz comme un «rebelle, qui a joué sur la frontière de la loi» mais aussi un «sage inspiré de sentiments humanistes et pacifiques» pour qui la grève est un «appel au pardon» – s’apparente, pour certains, à de la candeur. Le député radical et président de la Société médicale du Valais Marc-Henri Gauchat rappelle que le condamné avait autrefois braqué une banque. Pour lui, «ni la justice, ni les médecins ne doivent aujourd’hui céder à son chantage. Il est le seul à pouvoir sortir de l’impasse.» Marc-Henri Gauchat estime nulles les chances que Bernard Rappaz obtienne la grâce la semaine prochaine.