Ueli Maurer laissera un trou aérien jusqu’en 2020

Police de l’air Le détournement du Boeing d’Ethiopian justifierait l’achat des 22 Gripen

Les grasses matinées des Forces aériennes suisses font rire le monde entier, après le détournement sur Genève du Boeing 767-300 d’Ethiopian Airlines. «Invading Switzerland? Try Before 8 or After 5» («Envahir la Suisse? Essayez avant 8 h ou après 17 h»), ironise l’agence Bloomberg en découvrant que la garde aérienne suisse ne vole que durant les horaires de bureau, pour des raisons budgétaires. Ce sont des chasseurs italiens puis français qui ont escorté l’avion jusqu’à Genève où il s’est posé vers 6h lundi.

Pour autant, la Suisse devra se passer de véritable surveillance aérienne 24 heures sur 24 jusqu’en 2020 au moins, a admis mercredi le ministre de la Défense, Ueli Maurer. Pour assurer une telle mission en continu, il faudrait investir quelque 30 millions par an, selon le chef du DDPS, qui vient néanmoins d’obtenir une rallonge de 300 millions par an, portant son budget à 5 milliards.

Il faudrait surtout former une centaine de pilotes, ce qui demandera au moins six ans. Il faudrait aussi prévoir la présence d’un pilote dormant au besoin près de son appareil et d’équipes au sol pour la maintenance et la sécurité. Cela pour assurer qu’un avion puisse décoller en moins de quinze minutes.

Beaucoup de raisons, donc, qui expliquent, selon Ueli Maurer, que les Forces aériennes sont dans l’incapacité d’assurer un service de police aérienne. Les Chambres fédérales avaient pourtant adopté en 2010 une motion du conseiller aux Etats Hans Hess (PLR/OW) puis un postulat de Chantal Galladé (PS/ZH) sur ce sujet. Mais Ueli Maurer avait jusqu’ici gelé la planification du projet pour des raisons budgétaires et dans l’attente du remplacement des chasseurs Tiger.

Fonctionnement optimal

Pour Ueli Maurer, cet incident ne change rien. Car, d’une part, le système d’alerte a bien fonctionné, les autorités suisses ayant été informées très tôt du détournement. D’autre part, l’accord passé avec la France pour ce genre de cas a bien fonctionné. Enfin, selon le ministre de la Défense, les Forces aériennes suisses n’auraient de toute manière pas eu à intervenir puisque l’aéroport de Genève n’est situé qu’à quelques mètres de la frontière. Les chasseurs français ne sont donc pas intervenus dans l’espace aérien suisse.

Ueli Maurer voit même dans ce cas une justification pour acheter les 22 Gripen car, entre les immobilisations pour les travaux d’entretien, les engagements à l’étranger pour la formation ou des exercices, les 32 F/A-18 qui restent ne suffiraient pas pour assurer un roulement 24 heures sur 24.