Nouveau paradigme. La Poste inaugure un service de livraison par drone. Réunis hier à l’Hôpital civique de Lugano, des représentants du Géant jaune, du Réseau hospitalier du Tessin et de Matternet, une entreprise californienne leader dans la création de drones, ont présenté aux médias nationaux, démonstration à l’appui, le quadricoptère qui pourrait assurer dès 2018 le transport d’échantillons de laboratoire entre deux sites hospitaliers de Lugano.

Depuis la mi-mars, avec la bénédiction de l’Office fédéral de l’aviation civile, près de soixante-dix vols ont été effectués entre ces deux hôpitaux dans le cadre d’un projet pilote en cours jusqu’au 4 avril. «La Poste est pionnière en Suisse, peut-être même dans le monde», se félicite Dieter Bambauer, membre de la direction de La Poste. Au terme de ces essais, une analyse approfondie de l’expérience sera menée, avant d’opérer d’autres tests cet été.

Transport de marchandises légères

L’engin de la Poste mesure 80 cm de diamètre, sans ses hélices. Il pèse lui-même 9,5 kg, batterie incluse, il est conçu pour transporter des marchandises légères d’un poids allant jusqu’à 2 kilos, à une vitesse de croisière de 10 mètres par seconde. Et cela, à une altitude de 110 mètres et à des températures entre -10 et 40 degrés Celsius. Le drone, autonome, est commandé via une application développée par Matternet pour iPhone. A l’aide d’un GPS, il localise le tapis d’atterrissage, lequel l’attire grâce à un signal infrarouge.

Directeur de l’Hôpital régional de Lugano, Luca Jelmoni se réjouit de cette «page historique tessinoise», dont les autres grands hôpitaux universitaires du pays pourront s’inspirer. Il souligne les intérêts du drone pour le secteur sanitaire, notamment les délais de livraison rapides qu’il consent. Jusqu’à présent, l’acheminement d’échantillons de laboratoire, effectué par taxi, est confronté aux embouteillages insensés familiers aux Luganais. «Cette technologie, de surcroît plus écologique, permettra aussi de faire des économies financières», a-t-il ajouté.

«Plusieurs entreprises nous ont déjà sollicités»

D’autres secteurs seront vraisemblablement intéressés par le service de courrier par drone, estime Claudia Pletscher, responsable du Développement et de l’Innovation à la Poste. «L’offre dépendra de la clientèle, plusieurs entreprises nous ont déjà sollicités.» Elle affirme cependant que le drone desservira un marché de niche, afin de compléter et renforcer l’offre actuelle, sans remplacer les services traditionnels.

«Nous devions nous lancer dans cette voie pour rester numéro un, ajoute la responsable du développement postal. Autrement, la concurrence l’aurait fait avant nous. Il s’agit aussi d’une stratégie visant à défendre nos activités principales.» Les coûts seront parmi les facteurs à étudier à la fin du projet pilote, «mais, plus que les économies, ce sont la rapidité et l’efficacité du drone qui le rendent séduisant, notamment pour répondre à des situations d’urgence.»

Résidents excédés

Le quadricoptère de la Poste ne fait cependant pas que des heureux. La presse tessinoise rapportait la semaine dernière que des résidents reprochaient à cet engin d’être trop bruyant et trop lumineux la nuit. Une interpellation a par ailleurs été déposée au parlement tessinois, pour exiger des garanties sur la sécurité des vols.


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