— Martin Landolt (@LandoltMartin) 15 février 2016
L’ATS constate: «Son tweet, avec pour slogan «Non à une justice à deux vitesses», demande de voter non à l’initiative de mise en œuvre le 28 février. Cette date figure en troisième position après «Allemagne 1933» et «Afrique du Sud 1948», en référence à l’apartheid. Le message a déclenché une avalanche de commentaires.»
L’infortuné Martin Landolt mis en pièces
Une avalanche de commentaires… on aimerait presque être plus précis: plusieurs coulées simultanées. La première provient des partisans de l’initiative de mise en œuvre, les membres ou sympathisants de l’UDC qui attaquent frontalement et y vont à la hache pour équarrir l’infortuné Martin Landolt: leurs arguments tournent à peu près autour de la ligne suivante: inacceptable d’être traité de nazi lorsqu’on désire, via l’initiative de mise en œuvre, expulser les violeurs et les assassins. Jusque-là, rien de bien nouveau, glissons, n’appuyons pas.
Plus intéressante est la deuxième coulée de commentaires: celles des personnes que la comparaison entre la Suisse de 2016 qui s’apprêterait à voter pour l’UDC et l’Allemagne nazie de 1933 scandalise. A l’image de ce twittos qui déclare, dans le texte et en allemand, traduction par nos soins: «Mon grand-père est mort à Dachau. Je suis Suisse. Votre image est un affront! Vous êtes juste un trou du cul» La Twittosphère n’est pas un lit de roses.
@LandoltMartin
— diehei (@ideSchwiiz) 15 février 2016
Mein Grossvater ist in Dachau umgekommen - ich bin Schweizer. Ihr Bild ist ein Affront!
Sie sind einfach ein Arschloch!
Si ce tweet est hautement significatif, c’est parce que son esprit (mais, bien sûr, pas sa lettre) est à peu près identique à celui de Christine Bussat, la présidente de la Marche Blanche, qui a démissionné hier avec effet immédiat en raison du tweet de son président. Ainsi, comme nous l’apprenait hier la RTS, qui a sorti l’information: «C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, a expliqué Christine Bussat. Celle qui soutient l’initiative se dit «choquée» en tant que «petite-fille de juifs qui ont vécu pendant la Seconde Guerre mondiale et dont une partie était à Auschwitz». a l’ATS, elle précisait encore sa pensée: ««Si j’accepte l’initiative de l’UDC, ça veut dire que je suis nazie», s’est étranglée Christine Bussat, qui est favorable au texte de l’UDC parce qu’il faut que la voix du peuple soit respectée. «Cette affiche de mauvais goût est très stupide, je ne l’accepte pas […] Monsieur Landolt a une haine viscérale de l’UDC, c’est une guerre contre un parti et pas pour des idées»».
Un objectif raté
Dans La Liberté, Christiane Imsand fait le point du débat en constatant ceci: «La provocation n’a pas atteint l’objectif souhaité. Au lieu de susciter une discussion critique sur l’initiative, elle a provoqué un débat sur les méthodes de communication politique. Et là, de l’avis général, un pas de trop a été franchi».
La journaliste précise que «Martin Landolt n’est pas l’auteur du montage controversé. Il n’a fait que relayer une affiche qui circulait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Elle est l’œuvre d’un Anglo-Suisse, Werber Parvez Sheik Fareed, qui cherchait à exprimer son inquiétude pour le maintien de l’Etat de droit. Le texte qui l’accompagne place sur le même plan l’Allemagne de 1933, l’Afrique du Sud de 1948 et la Suisse de 2016.»
Christiane Imsand donne largement la parole au président du PBD qui ne prétend pas «que l’UDC est un parti nazi ou que les gens qui voteraient l’initiative sont des nazis», mais qui juge que la pente est glissante. Elle constate enfin que les opposants à l’initiative de l’UDC, que ce soit les socialistes ou les PLR, jugent contreproductive la comparaison de Martin Landolt. Trop abrasif, le président du PBD?