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Pourquoi la police a-t-elle laissé faire au Grütli?

Olivier Guéniat, le chef de la police judiciaire neuchâteloise, dément qu'il y ait, de la part de la police, un laxisme face à l'extrême droite.

Après les graves provocations qui ont perturbé l'allocution du président de la Confédération, Samuel Schmid, le 1er août au Grütli, certains, dont le président du Parti socialiste suisse, Hans-Jürg Fehr, ont estimé que la police avait fait preuve de clémence à l'égard des mouvements d'extrême droite. Les forces de l'ordre pratiqueraient la tolérance zéro, en revanche, à l'égard des manifestants de l'autre bord. Des gaz lacrymogènes à Winterthour contre une manifestation non autorisée tentant d'empêcher Christoph Blocher de s'exprimer, mais aucune réaction ou presque à Brunnen contre des extrémistes scandant «La Suisse aux Suisses». Sans parler des «Sami, tu baisses ton froc» qui ont ponctué l'intervention du président de la Confédération sur la mythique prairie le jour de la fête nationale. Deux poids, deux mesures? Le point de vue d'Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise.

Le Temps: La police a-t-elle tendance à laisser faire quand les troubles émanent d'individus se rattachant à la mouvance néonazie ou d'extrême droite?

Olivier Guéniat: Non, je ne crois pas. A Neuchâtel en tout cas, ce reproche ne peut pas nous être adressé et je ne pense pas qu'il puisse l'être aux forces de police d'autres cantons. Un arrêté du Conseil d'Etat neuchâtelois est prêt pour interdire une éventuelle manifestation – concert ou autre – rassemblant des individus de cette mouvance.

– Comment comprendre dès lors que la situation ait pu dégénérer au Grütli?

– Il est difficile d'intervenir dans une manifestation publique, totalement pacifique, formée de gens venus écouter le discours en plein air du président de la Confédération. Il n'est pas aisé de prévoir les perturbations, et leur ampleur. Il ne s'agit pas de casseurs cagoulés. Dans un tel contexte, le maintien de l'ordre est difficile à assurer sans troubler fortement la cérémonie. Une intervention risque de mettre un terme à la fête. Si vous envoyez des lacrymogènes, Samuel Schmid ne terminera pas son discours. Les auteurs des troubles en sont sans doute conscients et ont compris quelle gigantesque plate-forme s'offrait à eux.

– Moritz Leuenberger a en effet déploré que le journal de la TV alémanique ne se soit intéressé qu'aux incidents et pas au discours du président. Que faire alors?

– L'autre solution, c'est de barrer les accès, et filtrer les gens en bas. J'imagine que les organisateurs y songent. Mais ce ne sera plus le même genre de cérémonie.