«La police suisse est discrète mais très efficace»
Terrorisme
Le bout du lac Léman n'est pas la bonne alternative pour des terroristes qui chercheraient un refuge

Ancien officier du renseignement français, ALain Chouet connaît particulièrement bien Genève où il a servi comme directeur de l'antenne locale de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) de 1992 à 1996. Pour lui, il ne fait aucun doute que les services secrets des deux pays voisins collaborent «main dans la main» sur les dossiers sensibles des filières djihadistes: «La police suisse est discrète mais très efficace. Ce qui explique en partie qu'il n'y a jamais eu d'attentat important sur le sol helvétique. Mais le risque pour Genève pourrait venir de la france voisine. Avec sa forte population d'origine marocaine - comme certains des auteurs de la tuerie de Paris, le mois dernier - et la présence de jeunes musulmans radicalisés, la région d'Annemasse peut accueillir, quelques candidats au djihad. Il y en a d'ailleurs déjà eu. Mais on est dans les ramifications d'un éventuel réseau, pas dans son centre névralgique. Dans tous les cas, le bout du lac Léman n'est pas la bonne alternative pour des terroristes qui chercheraient un refuge, car la zone est, je le sais bien, surveillée par des yeux aussi attentifs que discrets. On n'y passe donc pas inaperçu.»
Genève pourrait-elle être prise pour cible en raison de son importance symbolique ou des organisations internationales qui s'y trouvent?
Le risque n'est pas nul, il y aurait quelques relais islamistes. Jusqu'à maintenant, le terrorisme d'état n'a jamais pris pour cible l'arc lémanique et les organisations prestigieuses qui s'y trouvent. Simplement parce presque tous les pays ont des intérêts en Suisse: on ne dynamite pas son propre coffre-fort. Avec les djihadistes de l'Etat islamique (EI), la problématique est évidemment différente, car ils n'ont pas d'intérêts politiques ou financiers dans la Confédération. Cependant, ils préfèrent viser des Etats, notamment ceux qui leur font la guerre, ce n'est pas le cas de la Suisse, plutôt que des cibles lointaines ou symboliques. Enfin, si les chefs de l'EI voulaient attaquer l'ONU, dans une opération spectaculaire, ils n'enverraient pas des petites mains, comme les tueurs qu'on a vus à l'oeuvre au Bataclan.