Le préau, nouveau terrain de jeu d’Eric Stauffer
Genève
Le leader de Genève en marche a débarqué en tracteur dans la cour de l’école de Pâquis-Centre. Un éléphant dans le magasin de porcelaine de la gauche

Le préau de l’école de Pâquis-Centre, à Genève, est un lieu par trop accueillant. Outre les bambins qui y batifolent, il offre l’hospitalité, la nuit venue, aux dealers, à une jeunesse alcoolisée, aux Roms. Il ne manquait à ce préau fameux qu’Eric Stauffer au volant de son tracteur, effectuant bruyamment la promotion de son nouveau parti, Genève en marche.
Depuis mardi soir, c’est chose faite. Avec l’instinct populiste qui le caractérise, il a mis le cap sur ce préau, avec pour mission de le fermer symboliquement. Il faut dire qu’il lui reste peu de temps pour faire campagne et avoir la peau du MCG, puisqu’il n’a pas encore déposé sa liste de candidats au Grand Conseil. Dans un même vrombissement, il promet de chasser les vendeurs de drogue et l’extrême gauche, qui l’attend au contour.
Fermer le préau
Ce faisant, il sait qu’il met le pneu en terrain politique miné. La saga des fermetures nocturnes de préaux a refait surface l’automne dernier, quand l’Association des parents d’élèves des Pâquis (APEP) demandait à la Ville d’agir contre l’insalubrité en fermant le préau. Mais le collectif des habitants des Pâquis, annexe d’Ensemble à gauche, ne l’entendait pas de cette oreille, préférant le vivre-ensemble. La Ville cependant réagissait avec plusieurs mesures – nettoyage quotidien, installation de toilettes, présence accrue de la police et des intervenants sociaux. Une solution de compromis chère à la magistrate verte Esther Alder, mais pas suffisante pour les parents d’élèves. Il y a quinze jours, le Conseil municipal remettait de l’ordre dans cette gauche bigarrée en acceptant une motion prévoyant de fermer le préau, au plus tard à la fin des travaux de rénovation de l’école.
Mais il y a long avant cela, et la balade d’Eric Stauffer met au jour les bisbilles de la gauche. L’APEP dénonce «une grossière instrumentalisation des problèmes sérieux qui entourent le préau». Il faut dire que certains de ses membres, du Parti radical de gauche, n’apprécient pas de se retrouver sur le même objectif que le populiste. De leur côté, les habitants fustigent «la stigmatisation du quartier» et clament leur engagement pour «une utilisation positive du préau», dont on peine à imaginer les contours. Quoi qu’il en soit, ce préau est bien devenu un terrain de jeu politique.