La chasse à l'homme, ou à la femme, n'en finit pas pour le PDC. A peine le parti a-t-il trouvé un remplaçant à Joseph Deiss et déniché la perle rare qui succédera à Doris Leuthard, que déjà il doit songer à réformer son équipe présidentielle, dont l'équilibre entre les régions linguistiques et les sexes sera rompu par le sacre annoncé de Christophe Darbellay. Les démocrates-chrétiens se disent sereins face à cette nouvelle mue, mais le psychodrame guette. Car il faudra soit que certains hommes cèdent leur place, soit que le parti modifie ses statuts qui réclament au moins trois représentantes de la gent féminine dans les rangs de la présidence.
Une équipe à sept têtes
La présidence du PDC se compose de sept personnes. Le président, vraisemblablement Christophe Darbellay à partir du 2 septembre, et deux vice-présidents, le conseiller national fribourgeois Dominique de Buman et le sénateur schwyzois Bruno Frick. Le chef de groupe, le conseiller aux Etats fribourgeois Urs Schwaller, la présidente des femmes PDC, la Lucernoise Ida Glanzmann, le conseiller d'Etat tessinois Luigi Pedrazzini et la Saint-Galloise, donnée longtemps favorite pour remplacer Doris Leuthard, Lucrezia Meier-Schatz, font également partie de cette équipe dirigeante.
Avec l'accession de Doris Leuthard au Conseil fédéral, il manque désormais une femme au tableau. Or, les statuts du parti ne transigent pas sur ce point. Ils en réclament clairement trois. Les démocrates-chrétiens réussiront assurément à motiver une femme à rejoindre la présidence mais aux dépens de qui? C'est la question qui blesse. Car ni le Romand Dominique de Buman, ni l'Alémanique Bruno Frick ne songent à quitter leur poste. Et cela même pour jouer les galants. «Ce qui compte avant tout, c'est qu'il y ait trois femmes dans la présidence élargie et pas forcément une vice-présidente», assure Reto Nause, le secrétaire général du parti. Mais même si une troisième femme entrait dans l'équipe présidentielle sans devenir vice-présidente, un homme devrait céder sa place.
Ce ne peut être Urs Schwaller, le chef de groupe, que sa fonction lie à la présidence. Ne reste qu'une solution: la démission de Luigi Pedrazzini. Ce dernier est cependant le seul représentant de la minorité italophone au sein de la présidence. Un autre point ancré dans les statuts du PDC, qui tient à la diversité linguistique et régionale. La solution aurait donc pu être de remplacer le conseiller d'Etat par une femme, Tessinoise de surcroît. Mais une des seules politiciennes à réunir ces deux qualificatifs, la conseillère nationale Chiara Simoneschi, a d'ores et déjà renoncé.
Pour sortir de l'impasse, Bruno Frick n'entrevoit que deux cas de figure. «Soit nous changeons les statuts pour élargir la présidence à huit personnes, soit quelqu'un se retire.» Encore une fois, il semble y avoir quelqu'un de trop. Et de nombreux regards se tournent vers l'ancien syndic de Fribourg, Dominique de Buman, qui a aujourd'hui réglé ses affaires de caisse de pension dans son canton, mais qui les traîne toujours comme un boulet, aux yeux de certains membres de son parti en tout cas. Reste que personne n'osera le déboulonner de son siège de vice-président, même si une frange du PDC rêve en secret de le voir partir de lui-même.
De premières discussions sur la composition de la présidence devraient déjà avoir lieu avant l'élection de Christophe Darbellay. Il s'agira surtout de voir si les femmes PDC se satisferont d'une nouvelle représentante au sein de la présidence élargie ou si elles exigeront un siège de vice-présidente. Tous les autres partis déclinent cette fonction au féminin aussi.