Les semaines se suivent et se ressemblent sur le front gouvernemental suisse. Le président de la Confédération, Johann Schneider-Ammann, multiplie les visites dans l’optique de débloquer la relation entre la Suisse et l’Union européenne. Vendredi, il a reçu le président slovaque, Andrej Kiska, au domaine du Lohn à Kehrsatz (BE). Une rencontre hautement stratégique: la Slovaquie assure la présidence de l’Union européenne jusqu’à la fin de l’année. Johann Schneider-Ammann s’est rendu en juin à Bratislava. Le match retour n’intervient que quatre mois plus tard, ce qui, dit-on dans les cercles diplomatiques, est chose rare. Au final, la visite a débouché sur une communication décousue devant un parterre de journalistes clairsemé.

En cette humide après-midi automnale, pas moins de trois conseillers fédéraux ont été dépêchés pour convaincre la présidence slovaque, apprend-on: le PLR bernois, Simonetta Sommaruga et Didier Burkhalter. Le message? «Nous avons présenté la situation et avons répété notre intention et nos buts. Ensemble, nous avons aussi effleuré ce que pourrait être le débat au Conseil des Etats», sur la mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse, résume Johann Schneider-Ammann.

Vient le moment charnière. L’appréciation du président slovaque est sollicitée: «Après les expériences faites partout dans le monde avec le référendum, il est essentiel d’entendre tous les arguments en présence», souligne Andrej Kiska. Mais la solution suisse, notamment la préférence indigène light, est-elle eurocompatible? Un ange passe. «Je ne connais pas la proposition dans les détails», clôt le président slovaque. Il ne souhaite pas se prononcer plus avant à ce stade, mais se réjouit que, sous la présidence slovaque, «la compréhension envers la Suisse ait grandi au sein de l’UE». Sourires.

Pacifier le continent européen

Le soleil réapparaît lorsque le dalaï-lama fait son irruption dans l’échange entre médias et présidents. Andrej Kiska a rencontré le guide spirituel tibétain à Bratislava, ce qui a beaucoup agacé la Chine. A Berne quelques jours plus tôt, le président suisse ne l’avait pas reçu. «Que faut-il en penser en regard de la neutralité?» demande un journaliste slovaque à Johann Schneider-Ammann. Soupirs aux pupitres. Un représentant de la délégation slovaque s’excuse à voix basse. Le PLR bernois s’en tire en donnant sa «conviction profonde»: il faut pacifier le continent européen. Pour cela, l’innovation, mère de l’emploi, est un outil phare. Et pour pacifier les relations bilatérales, la rencontre entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Johann Schneider-Ammann prévue le 28 octobre aura-t-elle lieu? Elle se fera, assure le Bernois, mais «un téléphone pourrait bien suffire». Qui permet d’éviter la pluie.