Anders Stokholm: l’homme est encore un inconnu en Suisse romande et même dans le reste du pays. Par contre, dans son canton, la Thurgovie, il est l’une des personnalités politiques les plus en vue. Et dès ce jeudi, le maire de Frauenfeld (26 000 habitants) deviendra un interlocuteur incontournable pour la Confédération et les cantons. Cet homme de 56 ans sera en effet élu à la tête de l’Union des villes suisses. Il a été désigné par le comité de l’UVS. Comme il est le seul candidat en lice, son élection par l’assemblée générale – qui se tiendra à Bâle – ne fait aucun pli.

«J’ai été surpris lorsque l’on m’a approché, explique-t-il au Temps. J’ai bien réfléchi et j’ai accepté de relever le défi car les villes ont un rôle très important à jouer sur la scène politique suisse, et par le passé, leurs positions n’ont pas toujours été suffisamment prises en compte. Il y a beaucoup de décisions de la Confédération ou des cantons que nous devons appliquer, il est donc important que nous puissions donner notre point de vue.» Le Thurgovien tient à rappeler l’article 50 al. 3 de la Constitution fédérale, qui dit «que la Confédération doit tenir compte de la situation particulière des villes».

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Succession difficile

Anders Stokholm, théologien de formation et ancien directeur de l’Office de l’AVS et de l’AI du canton de Thurgovie, succédera à une personnalité connue et reconnue sur la scène fédérale: Kurt Fluri. Celui qui a été maire de Soleure durant vingt-huit ans est aussi un conseiller national très écouté à Berne. A la tête des villes suisses depuis neuf ans, il était fort présent dans les médias alémaniques comme le défenseur d’une Suisse urbaine.

Pour lui succéder, le comité a donc choisi son double: un homme, alémanique, PLR et à la tête d’une ville de moyenne importance. Cette désignation peut surprendre, mais selon le Chaux-de-Fonnier Théo Huguenin-Elie, membre du comité de l’UVS, elle a fait l’unanimité. «L’Union des villes suisses est un savant équilibre comme le Conseil fédéral, et nous aussi nous avons notre formule magique», explique le conseiller communal. Selon Théo Huguenin-Elie, il est important que ce poste soit occupé par quelqu’un de droite, au moment où les critiques, notamment de l’UDC, pleuvent sur les villes qui seraient toutes de gauche. «Et comme interlocuteur du Conseil fédéral et du parlement, c’est un avantage d’être d’obédience de droite.» Pour le socialiste, il est aussi essentiel qu’un tel poste ne soit pas occupé par le maire de l’une des grandes villes de Suisse. D’ailleurs, le Genevois Sami Kanaan et la Zurichoise Corine Mauch sont tous deux vice-présidents de l’organisation.

Mais n’était-ce pas le tour d’une Romande ou d’un Romand? Théo Huguenin-Elie affirme que personne ne répondait aux critères de ce côté-ci de la Sarine. Lui va quitter le comité où il sera remplacé par la syndique de Morges Mélanie Wyss. Quant au président de Sion Philippe Varone, certes PLR, il n’est pas membre depuis suffisamment de temps de la direction de l’organisation.

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Pas élu à Berne

Anders Stokholm reconnaît que son profil peut rappeler celui de son prédécesseur. Il insiste toutefois sur l’importance de la représentation régionale, soulignant que la Suisse orientale est elle aussi souvent oubliée des arcanes du pouvoir. Et contrairement à Kurt Fluri, le chef du groupe PLR au Grand Conseil thurgovien ne siège pas aux Chambres fédérales. Cela pourrait être un handicap, mais il affirme avoir déjà de nombreux contacts à Berne et pouvoir compter sur le réseau des autres membres de l’UVS.

En tout cas, les défis s’annoncent de taille pour l’ancien pasteur: «Ce qui est certain c’est que la Suisse urbaine est l’avenir du pays. Nous devons être une force de proposition, par exemple dans le domaine énergétique et pour cela, il est essentiel que l’Union des villes suisses fonctionne de manière harmonieuse», insiste le conseiller communal chaux-de-fonnier Théo Huguenin-Elie.

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