Kathrin Bertschy
Conseillère nationale (Verts libéraux/BE)
‘‘ J’espère surtout que le Conseil des Etats ne reviendra pas en arrière, en particulier en redonnant du poids à la «prime à la vache» dans le calcul des paiements directs. Cet élément est le plus pervers du système actuel: avec des incitations inopportunes, on obtient le contraire de l’effet visé.
En rémunérant les paysans de manière proportionnelle aux têtes de bétail, on a entraîné un sureffectif de bétail, une production excessive de dioxyde d’azote et d’ammoniac, causes d’une irréversible destruction des écosystèmes acquatiques et terrestres. Les exploitants ne sont pas à même de nourrir leurs animaux, doivent importer du fourrage en masse. Savez-vous que, pour nourrir les vaches suisses, il faut une surface agricole à l’étranger presque aussi grande que celle que nous avons chez nous?
Nous investissons des montants énormes dans la politique agricole et il n’est plus possible de distribuer les subsides d’une manière aussi éloignée de nos objectifs.
Les versements à la tête de bétail et même à la surface sont certes une manière de garantir le revenu paysan. Mais cela n’a rien à voir avec les buts de protection de l’environnement et de sécurité d’approvisionnement qui figurent dans la Constitution. Si l’on s’en tenait strictement à celle-ci, on devrait même ne rien payer pour favoriser la production dans les régions de plaine! C’est, du reste, la position que défendait le Conseil fédéral dans sa première version de la réforme agricole.
Il est faux de dire que la réforme oblige les paysans à s’écarter de la production au profit des autres missions de l’agriculture. Le problème, c’est que l’Union suisse des paysans (USP) ne veut pas renoncer à la production intensive. L’auto-approvisionnement de la Suisse se situe à plus de 50%, c’est déjà beaucoup pour un pays qui n’est pas un pays agricole. ,,