Mobilité
Monsieur Prix estime que la baisse du tarif d’utilisation du réseau doit profiter aux voyageurs. La branche se tâte

Le train doit coûter moins cher. Le surveillant des prix, Stefan Meierhans, accentue sa pression sur les CFF et la branche des transports pour qu’ils baissent leurs prix lors du prochain changement d’horaire, en décembre 2020. Il s’appuie sur une décision prise par le Conseil fédéral en novembre dernier. Le gouvernement a décidé d’abaisser le tarif d’utilisation du réseau – le prix du sillon – dès le 1er janvier 2021. Les entreprises de transport seront ainsi délestées de 90 millions de francs, à répartir en trois tiers égaux entre le trafic marchandises, le trafic grandes lignes et le trafic régional. Le transport des voyageurs coûtera ainsi 60 millions de moins aux CFF et aux autres opérateurs ferroviaires. «Cette décision offre la première occasion de baisser fortement les tarifs», résume Stefan Meierhans lors de sa conférence de presse, lundi à Berne.
Il pourrait en résulter, selon ses calculs, un recul général de 2% des prix des billets et des abonnements. Cette décision doit cependant être prise par la branche, qui est en train de mener des consultations. Le scénario qui a la préférence de l’association faîtière de la branche, l’Alliance SwissPass, ne va toutefois pas dans la direction d’une réduction générale de 2%. Il s’agirait plutôt d’accorder davantage de billets dégriffés pour le trafic grandes lignes et de faire profiter les cantons, qui sont les commanditaires en trafic régional, selon la NZZ am Sonntag.
Le problème des communautés tarifaires
Une décision devrait être prise fin avril. Mais le surveillant des prix garde un droit de regard sur la tarification des transports publics. Il ne se privera pas de l’exercer de manière critique. «Nous sommes en contact avec la branche. Nous voulons que l’on tienne compte du fait que le coût au kilomètre de la mobilité individuelle a progressé moins fortement que l’indice suisse des prix à la consommation entre 1990 et 2016, alors que celui des transports publics a augmenté plus sensiblement», explique-t-il. «J’attends avec intérêt les propositions de la branche», ajoute-t-il.
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L’un des obstacles à surmonter est celui des communautés tarifaires, qui rechignent parfois à coopérer. L’an dernier, Monsieur Prix a négocié avec les CFF un accord qui a permis de verser un dédommagement de 15 francs aux 2,6 millions de titulaires d’un abonnement demi-tarif et de 100 francs aux personnes possédant un abonnement de parcours. Ces dédommagements ont privé les CFF de 230 millions de recettes.
L’entreprise s’est en outre engagée à offrir un grand nombre de billets dégriffés, permettant ainsi aux usagers d’économiser environ 100 millions pour leurs trajets. Mais les communautés tarifaires ont refusé de jouer le jeu: elles n’ont pas accepté que les CFF vendent des tickets dégriffés du trafic longue distance sur leurs réseaux. Cela a débouché sur une situation absurde: un voyageur désireux de se rendre à Brunnen (SZ), au bord du lac des Quatre-Cantons, peut acheter un billet dégriffé s’il part de Berne, mais pas au départ de Zurich, car cette ville et Brunnen font partie de la même communauté tarifaire Z-Pass! Or, avec l’extension des zones tarifaires, «cette inégalité de traitement a gagné en importance», condamne Monsieur Prix, qui attend une réforme en profondeur du système de tarification.