Le torchon brûlait depuis plusieurs mois avec le corps professoral, pas convaincu par son projet de réforme, «ETH 2020». Au-delà d'un manque de communication, les reproches touchent surtout les changements d'organisation. Notamment la suppression du poste de «recteur», instance nommée par les professeurs (LT du 31.10.2006). La pression s'est faite insistante depuis le milieu de la semaine dernière, alimentée par des interventions dans les médias. Les directeurs de la plupart des départements réclamaient une démission.
Dimanche, Ernst Hafen prétendait pourtant dans la presse vouloir rester. Il reconnaissait «des erreurs», mais se disait désireux de retrouver la confiance. La crise semblait pourtant très avancée. Plusieurs indicateurs laissaient même entendre que le Conseil de l'EPF, qui se réunit ce soir, avait choisi le camp des professeurs. Son président, Alexander Zehnder, dit avoir estimé «graves» les soucis formulés par ceux-ci. «Nous avons choisi Ernst Hafen et je n'avais par conséquent aucune raison de ne pas le soutenir. Malheureusement, la situation a tourné autrement et aucun dialogue n'étant plus possible, cette conclusion était inévitable. Nous pensons qu'ainsi les tensions disparaîtront.»
Dans sa lettre, Ernst Hafen a une nouvelle fois parlé d'erreurs dans son travail. Il regrette d'avoir déçu les personnes qui, malgré les discussions controversées, lui avaient accordé leur confiance pour les plans stratégiques de l'EPFZ.
«Une bonne solution»
Du côté des directeurs de faculté, leur représentant, David Gugerli, voit dans ce départ «une bonne solution, qui permet la poursuite des tâches dans l'enseignement et la recherche», selon une déclaration faite à l'ATS. Ces derniers jours, les professeurs ont aussi déploré une recherche trop soumise à des critères d'efficience au détriment d'une réflexion académique.
Nommé président en mai 2005, Ernst Hafen est un spécialiste en biologie moléculaire reconnu loin à la ronde. Lors de sa présentation, Pascal Couchepin brossait le portrait d'un homme d'«une grande sensibilité, d'un engagement constant et qui est un bon communicateur». On avait notamment apprécié son expérience dans le monde entrepreneurial. Aujourd'hui, le conseiller fédéral prend acte de cette décision. Il déplore la tournure malheureuse prise par cette affaire, selon son porte-parole, Jean-Marc Crevoisier.
Ce départ est aussi celui d'un président qui partage plusieurs points communs avec le chef de l'EPFL, Patrick Aebischer. Notamment leur passé universitaire, l'envie de soigner l'aura internationale de leur école respective en restant attentif aux attentes du milieu professionnel. Mercredi soir, côté vaudois, on préférait s'abstenir de commentaire; si ce n'est espérer un retour au calme profitable à tous. Le Conseil des EPF se donne entre quatre et huit mois pour trouver un successeur.