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Le deuxième sondage réalisé par l'institut gfs.bern pour la SSR laisse entrevoir l'échec des deux initiatives sur les pesticides. La loi sur le CO2 perd elle aussi de ses soutiens. Quant à la loi Covid-19 et celle sur les mesures antiterroristes, elles seraient acceptées à plus de 60%

Les trois objets environnementaux soumis au verdict populaire le 13 juin voient leurs soutiens fondre. Le dernier sondage réalisé par l'institut gfs.bern pour la SSR indique 54% d'opinions favorables pour la loi sur le CO2, mais seulement 47% pour l'initiative pour l'interdiction des pesticides de synthèse (contre 51% de non) et 44% pour celle intitulée «Pour une eau potable propre» (contre 53% de désapprobation). Les deux initiatives devraient ainsi être rejetées le 13 juin, mais les auteurs de l'enquête relèvent une tendance vers le non à propos de la loi climatique. Les dix derniers jours de campagne s'annoncent tendus.
Le recul des partisans des trois projets par rapport au sondage précédent est substantiel: il est de -10 points pour l'initiative eau propre, de -8 points pour celle sur les pesticides et de -6 points pour la loi sur le CO2. A l'inverse, le camp de ceux qui disent non à ce projet climatique s'est renforcé: il a progressé de 8 points (à 43%) en un mois.
Le consensus social s'est brisé
Sans surprise, le fossé entre les villes et les campagnes s'est encore creusé. L'enquête démontre également que les couches sociales moyennes et défavorisées sont de moins en moins convaincues par la nouvelle loi climatique en raison du risque d'augmentation des coûts de chauffage et des déplacements en voiture. Cela a tendance à affaiblir l'argument de Simonetta Sommaruga selon lequel cette réforme serait «sociale» en raison du mécanisme de remboursement des taxes par le biais de l'assurance maladie.
Sur le plan politique, les électorats de gauche et du Centre soutiennent toujours majoritairement la réforme, celui de l'UDC la rejette et celui du PLR reste divisé. gfs.bern note un changement important chez les indépendants, qui semblent basculer dans le camp du non. Si le oui garde globalement l'avantage pour l'instant, l'issue du scrutin est plus incertaine que jamais, le «large consensus social» qui a entouré la genèse de la loi sur le CO2 s'étant «brisé».
Le non domine les deux initiatives
Le sort des deux initiatives environnementales semble en revanche scellé, selon l'institut de sondage. Le non domine désormais les deux campagnes et, comme une initiative populaire nécessite la double majorité du peuple et des cantons, un renversement de tendance est qualifié d'«à peine imaginable».
Notre éditorial: Pour diminuer l’usage des pesticides, un effort commun est nécessaire
Pour l'initiative eau propre, les auteurs de l'enquête notent que le seul argument d'une production agricole totalement écologique ne suffit plus à l'emporter. Risques de «pollution importée», de majoration des prix et de menace pour l'«existence économique» de l'agriculture sont les principaux motifs qui risquent de faire capoter l'initiative sur les pesticides. gfs.bern n'exclut pas un ultime revirement, mais cela ne correspondrait pas à l'évolution normale des initiatives populaires.
Loi Covid et mesures antiterrorisme approuvées
Les deux derniers objets disposent toujours d'une majorité positive supérieure à 60%. Malgré la mobilisation tous azimuts et par tous les canaux possibles des opposants à la loi Covid-19, celle-ci peut toujours compter sur un solide soutien. Il est de 64%, soit 3 de moins qu'en avril. Le non a cependant gagné 5 points, passant à 32%. L'opposition se limite à l'électorat de l'UDC et aux milieux qui se méfient du gouvernement.
La nécessité de disposer d'une base légale pour agir «de manière ciblée et rapide» tout au long de la pandémie et pour en amortir les conséquences économiques séduit le plus grand nombre. Les arguments de méfiance et de défiance des opposants peinent à faire mouche, à tel point que gfs.bern doute d'un possible renversement de tendance d'ici au 13 juin.
Quant à la loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, elle s'achemine elle aussi vers une approbation. Une majorité de 62%, en recul de 5 points par rapport à avril, la soutient, alors que le non est passé de 24% à 32%. La nécessité d'offrir aux forces de police des instruments plus puissants pour combattre le terrorisme est l'argument le plus souvent évoqué par les personnes qui glisseront un oui dans l'urne. Le contre-argument qui milite le plus pour le rejet de ce projet est le risque de violations des droits humains et de privations de liberté. Mais il semble peser moins lourd auprès de l'opinion publique.
Cette seconde prise de température réalisée par l'institut gfs.bern pour la SSR a été réalisée entre le 18 et le 27 mai 2021 auprès de 17’959 titulaires du droit de vote. La marge d'erreur est de plus ou moins 2.8%.