Pro Natura s’insurge du peu de cas qui est fait de la protection des marais, 25 ans après le «oui» historique à l’initiative de Rothenthurm, le 6 décembre 1987. Depuis lors, les sites marécageux sont protégés par la Constitution et par la loi. Cependant, les drainages, l’absence de nombreuses zones tampons en bordure de terrains agricoles et l’aménagement illégal de chemins ou de gîtes font encore et toujours partie du quotidien de ces sites protégés, écrit l’organisation dans un communiqué.
Depuis 25 ans, les sites marécageux sont strictement protégés. Mais cela n’empêche pas les autorités et les particuliers de continuer à planifier, autoriser ou tolérer des interventions illégales dans ces zones particulièrement sensibles. Bastien Amez-Droz, spécialiste de la protection des marais chez Pro Natura, explique: «Soit les cantons n’effectuent pas correctement les contrôles, soit ils tolèrent en toute connaissance de cause les abus. Quoi qu’il en soit, c’est décourageant pour l’avenir des marais suisses.»
Pro Natura demande aux cantons d’offrir enfin une protection totale à leurs marais et à la Confédération de mieux contrôler les cantons. C’est le seul moyen de préserver les derniers vestiges de ces zones humides d’une grande valeur écologique et paysagère.
Les drains qui assèchent ces sites normalement humides sont particulièrement néfastes pour la survie des marais. Les anciens fossés de drainage ne sont comblés qu’avec réticence, malgré l’existence d’une obligation légale. Pire : de nouvelles cicatrices sont encore creusées aujourd’hui dans certains sites. A Damphreux (JU), il est par exemple prévu d’aménager dans la zone tampon du marais un sentier qui lui soustraira une partie de l’eau dont il a besoin.
Manque de zones tampons
Les dispositions légales concernant la distance entre zones agricoles et marais protégés sont claires: des zones tampons sont obligatoires. Or, 25 ans après l’adoption de l’article sur la protection des marais, elles font encore défaut à bien des endroits. La situation est particulièrement grave dans la région des Ponts-de-Martel (NE). Des zones tampons sont présentes sur les plans, mais presque entièrement absentes sur le terrain.
Ailleurs, des pavillons en bois sont progressivement agrandis malgré l’interdiction. Les autorités restent souvent les bras croisés. C’est ce qui s’est passé pendant des années dans la commune de Kriens LU, avant qu’un jugement du Tribunal fédéral ne mette fin à cette pratique.