La gauche neuchâteloise lancera le ticket Jean Studer, Gisèle Ory, Fernand Cuche pour tenter de conserver sa majorité au Conseil d’Etat le 26 avril prochain. Après plusieurs réunions lundi soir, le Parti socialiste a décidé, de concert avec ses alliés, de repêcher le ministre écologiste sortant. Histoire de marquer «l’union sacrée de la gauche», la stratégie retenue a été dévoilée au Château de Neuchâtel par les présidents du PS, des Verts et du POP, encadrés par les trois candidats. Troisième de la liste socialiste et sacrifiée par son parti, Johanne Lebel Calame n’était pas présente.
Cet épilogue est logique. Même fragilisé par son score médiocre du premier tour, Fernand Cuche reste, et de loin, le meilleur candidat de l’extrême gauche. Le PS a besoin de lui à double titre. Mathématiquement, tout d’abord, pour mobiliser un électorat POP/Vert/Sol qui aurait eu du mal à soutenir un ticket à 100% socialiste. Ethiquement, ensuite, pour respecter son engagement de respecter la représentativité des différences forces politiques. Il y a quatre ans, cette sensibilité avait incité le parti à retirer Didier Berberat au profit du radical Roland Debély pour éviter d’avoir trois socialistes au gouvernement.
Ce souvenir a suscité une avalanche de critiques acerbes contre la décision du Parti libéral-radical de présenter trois candidats au second tour (LT du 07.04.2009). Jean Studer a tiré le premier, fustigeant «l’inconséquence» du PLR: «Sa volonté d’être le seul grand parti au Conseil d’Etat interpelle. Il faut remonter au moins 80 ans en arrière pour trouver une telle situation. Depuis lors, le canton a une culture politique qui favorise une représentativité équitable. Nous l’avons prouvé en 2005.»
Le ministre socialiste a également souligné son attachement à la concordance. «Ne pas avoir la même majorité au Conseil d’Etat qu’au Grand Conseil, c’est assurer des chamailleries permanentes et des blocages réguliers pendant quatre ans.» Il rejette le parallèle fait par le PLR avec les cantons de Berne et Genève, où des majorités différentes cohabitent pacifiquement. «C’est différent, il n’y a pas dans ces cantons un parti qui revendique tout seul la majorité au gouvernement.»
Second tour salué
Repêché par le cousin socialiste, Fernand Cuche a souligné que sa candidature «n’est assortie d’aucune condition». Il s’est dit satisfait de remettre son sort entre les mains des citoyens le 26 avril. «Il y a quatre ans, l’élection tacite avait mal passé. Il aurait été malheureux de reconduire l’opération. Avec un second tour, la situation sera plus claire.»
L’éviction de Johanne Lebel Calame a suscité plusieurs réactions courroucées, notamment de la part de femmes socialistes. Pourquoi la gauche n’a-t-elle pas inscrit quatre noms pour permettre au peuple de choisir entre le ministre écologiste et la candidate socialiste? «Avec quatre candidats, il y aurait eu une dispersion des voix, souligne le président du PSN, Eric Flury. Cela aurait aussi été un signal pour dire que nous visons quatre sièges. Ce n’est pas notre vision de la représentativité.»