Le conseiller national Jean Christophe Schwaab n’est pas prophète en son canton. L’élu socialiste est, avec le Genevois Carlo Sommaruga, l’un des chefs de file romands des partisans du référendum contre la Loi sur le renseignement (LRens). Mais il n’a pas convaincu son parti cantonal, qui vient de communiquer sa position de soutien à la loi.

La LRens est une loi équilibrée, qui contribuera à assurer la sécurité du pays tout en respectant les droits fondamentaux et l’Etat de droit, écrit le Parti socialiste vaudois (PSV), pour expliquer une décision prise par son comité directeur.

Le PSV fait donc savoir qu’il ne s’associera pas à la récolte de signatures contre la LRens. Il relaiera cette position le 5 décembre au congrès du PSS, qui fixera alors sa position officielle sur le sujet. A ce stade, le référendum a eu le soutien du comité directeur du parti suisse.

Bien choisir ses combats

«Face à la droitisation attendue du parlement fédéral, la gauche doit bien choisir ses combats et il nous apparaît que celui-ci est perdu d’avance», explique Stéphane Montangero, le président du PSV, précisant que cette «ligne pragmatique» a prévalu au sein de l’instance dirigeante du parti. La communication de cette position répond aussi à un «souci de rééquilibrage», face à des référendaires très visibles.

Les socialistes vaudois, comme ceux de Suisse, sont divisés sur la loi et l’opportunité de la combattre. Au sein du parlement fédéral sortant, on recense une petite majorité d’élus socialistes contre la loi. Au sein de la députation socialiste vaudoise, c’est le contraire, quatre pour, trois contre. L’équilibre de la LRens telle qu’adoptée est le fruit du travail considérable des socialistes au sein des commissions de la politique de sécurité, écrit le comité directeur du PSV, dans lequel siège notamment la conseillère nationale Rebecca Ruiz. La conseillère aux Etats Géraldine Savary est aussi favorable à la loi.

Gauche matraque

Répondant au Temps, Jean Christophe Schwaab se dit déçu de la position prise par le comité du directeur du PSV. «Mais je doute que la direction du PSV soit en accord avec la base, quand je vois la facilité avec laquelle je récolte des signatures pour ce référendum», ajoute le conseiller national. Il se demande aussi si la ligne «gauche matraque» (défendue notamment selon lui par la section lausannoise du PSV) pourra tenir devant un congrès.

Les divisions sur la LRens ne sont pas l’apanage des socialistes. A l’autre bord de l’échiquier politique, ce sont les jeunes PLR vaudois qui apportent leur appui au référendum, à l’inverse de leur parti. «Les moyens envisagés par cette loi ne permettront pas de lutter contre le terrorisme et risquent au contraire d’entraîner des violations des libertés individuelles», a affirmé à l’ATS Loïc Hautier, vice-président des JLRV.