Une pièce truffée de micros pour une entrevue jugée majeure, c’est le récit de ce dimanche matin dans la NZZ am Sonntag. Le journal affirme que le Qatar a espionné l’ancien procureur général de la Confédération Michael Lauber.

Le 16 juin 2017, Michael Lauber, qui était chargé d’enquêter sur des irrégularités lors de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a rencontré le président de la FIFA Gianni Infantino à l’hôtel Schweizerhof à Berne dans une pièce équipée de microphones. Des agents mandatés par le Qatar ont mené cette opération d’espionnage.

Craignant que la Coupe du monde ne lui soit retirée en raison de critiques sur la situation des droits de l’homme dans le pays, le royaume a engagé pendant plusieurs années une entreprise américaine d’opérations de renseignement, résume le journal. Son objectif était d’influencer la politique de la FIFA. La Coupe du monde a été attribuée le 2 décembre 2010.

La branches bruxelloise de ces ramifications

Le 11 février dernier, l’eurodéputé Marc Tarabella a été inculpé et placé en détention provisoire samedi dans l’enquête menée en Belgique sur des soupçons d’ingérence du Qatar et du Maroc au Parlement européen.

Trois autres personnes, dont l’eurodéputée grecque Eva Kaili, sont déjà incarcérées dans ce scandale qui a éclaté le 9 décembre et entraîné une vague d’interpellations à Bruxelles. Ce jour-là, les enquêteurs belges ont mis la main sur environ 1,5 million d’euros en argent liquide dans des sacs ou des valises découverts notamment aux domiciles bruxellois de Mme Kaili et de Pier Antonio Panzeri, également écroué. Ce dernier, ancien eurodéputé socialiste (2004-2019) devenu dirigeant d’ONG à Bruxelles, a reconnu en janvier devant les enquêteurs avoir orchestré cette fraude.

Ce week-end, des enquêtes des chaînes de Radio France ont apporté quelques précisions sur les mécanismes de lobbying conduits notamment par des agents marocains. Ils précisent notamment les circuits de l’argent, passant en particulier par une association dirégée par Pier Antonio Panzeri. Une enquête cite les services de renseignement belges, selon lesquels «il existe au sein des institutions européennes un réseau impliquant un lobbyiste, plusieurs parlementaires européens et des assistants parlementaires [qui] travaillent de manière clandestine afin d’influencer les décisions des institutions de l’Union européenne en faveur du Maroc d’une part et du Qatar d’autre part.»