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Quasiment seul contre tous, le canton de Thurgovie soutient le paquet fiscal

Un comité cantonal et communal favorable au projet se lance dans la campagne du 16 mai. Il ne comprend que cinq conseillers d'Etat

Onze cantons qui soutiennent le référendum, vingt gouvernements cantonaux qui rejettent le projet: le paquet fiscal a mal au fédéralisme. Toutefois, au milieu de cette vaste phalange qui refuse les pertes de recettes que cette réforme induira, une poche de résistance émerge: la Thurgovie. Le gouvernement de ce canton est, avec ceux d'Appenzell Rhodes-Extérieures, de Zoug, de Nidwald, d'Uri et de Bâle-Campagne, l'un des rares à défendre le paquet fiscal. Et c'est même le seul à le faire activement et ouvertement, note-t-on au secrétariat de la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC), qui coordonne la campagne du non.

Celui qui mène le combat des Thurgoviens n'est pas un inconnu sur la scène fédérale: il s'agit du conseiller d'Etat Roland Eberle, en charge des Finances et des Affaires sociales. Ce membre de l'UDC fut candidat à la succession d'Adolf Ogi en 2000 et préside depuis deux ans la Commission fédérale des réfugiés. Il est aujourd'hui le seul trésorier cantonal à soutenir publiquement le paquet fiscal. D'autres y sont favorables, comme la Tessinoise Marina Masoni, mais leur gouvernement, qui est d'un autre avis, les a priés de se taire.

Seulement quatre Romands

Lundi, un comité baptisé «Cantons et communes en faveur du paquet fiscal» s'est présenté à Berne pour faire valoir ses arguments. Composé de plus de 300 élus, il ne comprend cependant que cinq conseillers d'Etat, dont quatre Thurgoviens, le cinquième étant un Appenzellois des Rhodes-Extérieures. Et l'on n'y trouve que quatre Romands: le conseiller administratif genevois Pierre Muller, le conseiller communal neuchâtelois Antoine Grandjean, tous deux libéraux, et deux présidents de commune valaisans membres du PRD. Tous les autres sont des représentants de parlements cantonaux et d'exécutifs communaux d'outre-Sarine et du Tessin.

Ce qui motive Roland Eberle à mener cette fronde, c'est le fait que la campagne des cantons opposés au paquet fiscal «n'en relève jamais les aspects positifs». «Avec le nouveau mode d'imposition des familles, quatre contribuables sur dix ne paieront plus d'impôt fédéral direct. Et les cantons disposeront d'une marge de manœuvre considérable pour fixer le taux du splitting et le montant de la plupart des déductions. Mais ils n'en parlent jamais», regrette-t-il. Les pertes fiscales sont «supportables pour les cantons et les communes. On ne peut pas dépenser plus que ce que l'on encaisse», argumente-t-il, tout en reconnaissant que la situation financière peut varier fortement d'un canton à l'autre en raison de facteurs pas toujours maîtrisables.