Le dernier voyage de centaines de vieux chars suisses sera finalement bien plus court que prévu. Le Conseil fédéral avait décidé, au printemps déjà, de prendre davantage de précautions dans la vente de vieux matériel de guerre. Ainsi, après le tollé qu'avait suscité la proposition, faire affaires avec le Pakistan ou les Emirats arabes unis en vue de réexportations au Maroc ou en Iran, par exemple, est devenu impossible. Et en l'absence de clients potentiels moins «sensibles» parce que situés dans ou à proximité de zones de conflits, il n'y avait plus qu'une solution: quelque 550 chars sont ainsi en partance pour le recyclage. Et ce n'est sans doute qu'un début.

Bilan comptable positif pour la Confédération

Le processus de liquidation devrait durer jusqu'au début de l'an prochain. Après appel d'offres, il sera effectué par l'entreprise vaudoise Thévenaz-Leduc. Sur le plan comptable, il se soldera par un bilan positif pour la Confédération, relève Godi Huber, porte-parole d'armasuisse, organisation agissant sous la houlette du Département de la défense (DDPS), responsable tant de l'achat que de la liquidation du matériel de guerre. Sans apporter davantage de précisions, il confirme un montant de «quelques milliers de francs par véhicule», soit «au total, un petit chiffre à six zéros».

La période est plutôt bien choisie, puique depuis un an, les prix de l'aluminium et de l'acier sont relativement élevés à la vente. «Mais ce ne fut pas le facteur décisif», précise Godi Huber. Après une période d'incertitude, «il était temps de se débarrasser de ces engins.»

L'armée dispose encore de plus de 800 chars M113 mis en service, pour les plus anciens, il y a une quarantaine d'années. Quelque 460 véhicules sont encore et toujours utilisés par l'armée. Et 360 autres, qui ont été modernisés, sont pour l'instant stockés «en réserve» par le DDPS. Mais il est vraisemblable que l'armée décide de se débarrasser de tout ou partie de ces chars d'ici à la fin de l'année. Une vente paraissant improbable, puisque le Conseil fédéral exige la plupart du temps des déclarations de non-réexportation de ses clients potentiels. Il y a donc toutes les chances que les M113 restants finissent également au recyclage.