Le Parti démocrate-chrétien suisse a présenté lundi ses arguments en faveur d'un double oui aux lois sur l'asile et sur les étrangers, soumises au référendum le 24 septembre. Les deux révisions sont compatibles avec les valeurs chrétiennes, selon le PDC. Le point avec Christophe Darbellay, probable futur président du parti.
Le Temps: Les Eglises, elles, sont contre ces lois, précisément parce qu'elles les jugent contraires au message chrétien. Comment surmontez-vous ce paradoxe?
Christophe Darbellay:Le parti a fait une analyse des deux révisions soumises au vote populaire par rapport à sa charte. Le PDC - qui n'a d'ailleurs pas le monopole des valeurs chrétiennes - est parvenu à une conclusion différente de celles des Eglises. A chacun son rôle, aux Eglises celui de défendre des valeurs immuables même si elles ne sont pas toujours réalistes dans le court terme. Cela dit, je tiens à ce que le PDC maintienne avec les Eglises une relation meilleure que celle qui a pu prévaloir ces derniers temps.
- A l'intérieur du parti, plusieurs voix dissidentes viennent de rallier le comité de droite opposé aux révisions: Isabelle Chassot, Rosmarie Zapfl, Chiara Simoneschi notamment. Le parti est donc divisé...
- On a toujours pu constater une attitude plus restrictive en Suisse alémanique. Lors de l'assemblée des délégués, des majorités claires se sont pourtant dégagées en faveur de ces deux lois. Mais c'est un oui modéré, qui n'a rien à voir avec une attitude xénophobe. La position du PDC est le fruit d'un long débat, et tous les points des révisions contestées n'ont pas suscité l'enthousiasme.
- Quels sont donc, à vos yeux, les avantages essentiels apportés par ces lois?
- Elles tiennent compte de certaines expériences et tirent les conséquences de certains dérapages qui se sont produits. Elles permettront d'harmoniser des pratiques cantonales parfois très divergentes. On l'a vu avec le dossier des «523» dans le canton de Vaud, qui a conduit à la pire situation possible sur le plan humain. Ces révisions doivent également être appréciées dans le contexte de la libre circulation des travailleurs des nouveaux pays de l'UE. Si l'on veut maintenir un climat favorable en Suisse, il faut avoir répondu au préalable à des questions brûlantes et difficiles. Je ne veux pas que s'instaurent en Suisse des ghettos à la française. En comparaison internationale, on s'aperçoit que ces réformes se situent dans la moyenne. Sur certains points, la législation suisse sur laquelle les Suisses voteront va plus loin, sur d'autres moins loin que celle d'autres pays.