Marie-Josée Aerschmann: Bulle est le chef-lieu de la Gruyère. Cette cité est beaucoup plus importante que notre village. Il y a un vrai déséquilibre dans ce rapprochement. Nous sommes inquiets d'un manque possible de politique de proximité. Mais il y a aussi une perte de souveraineté. A mon sens, nous devons préserver notre autonomie. Avec des finances saines et des terrains à bâtir en quantité suffisante, nous aurions intérêt à conserver la maîtrise de notre développement.
– Pourtant, le projet ficelé par les exécutifs des deux communes est solide. Les collaborations sont toujours plus importantes. Votre opposition à la fusion ne repose-t-elle pas sur des considérations purement affectives?
– Il est vrai que ma résistance est avant tout sentimentale. Nous allons perdre la tour qui figure sur notre fanion pour ne conserver que l'évocation de la Trême. Je crois que cela touche le cœur des habitants. La Tour-de-Trême est une fenêtre sur la campagne. En ne faisant plus qu'un avec Bulle, nous allons perdre cette identité villageoise qui est la nôtre. Le lancement d'un référendum va permettre aux citoyens, si la procédure aboutit, de se prononcer.
– Mais les perspectives de construire avec plus de vigueur un avenir commun et de renforcer le développement économique et culturel du pôle gruérien ne vous séduisent-elles pas?
– Il faut reconnaître que le travail effectué par les communes a été bon. Dans ce projet, Bulle n'avale pas La Tour. Pour cette raison, je ne suis pas fondamentalement opposée à la fusion. Mais qui peut nous assurer que cela ne va pas changer à l'avenir? Notre commune doit rester ce grand village au cœur de la Gruyère. Mais il est évident que si le peuple se prononce, nous serons satisfaits de sa décision.