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Une autre question sera soumise à la sagacité de nos journalistes, plus importante encore. Car elle sera le sujet de tous leurs reportages: quoi de neuf dans notre pays depuis 1998? La date n’a pas été choisie au hasard, c’est celle de la création du Temps, issu de la fusion cette année-là du Journal de Genève et Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien. Elle permet surtout de faire un tri, de chercher la Suisse nouvelle. Il y a vingt-trois ans, les smartphones n’existaient pas, le Parti vert’libéral non plus. On s’orientait avec des cartes qu’il fallait déplier ou, plus souvent qu’aujourd’hui, on demandait son chemin. Dans les concerts, on brandissait des briquets plutôt que des téléphones. Les rues du pays n’étaient pas sillonnées par des trottinettes électriques, personne ne songeait à imposer le 30 km/h dans les villes ni à se lancer dans les métiers de youtubeur ou d’influenceuse.
Sur le terrain
Une Suisse nouvelle, donc, mais aussi le retour à une vocation première. Car ce périple cycliste du Temps montre aussi l’attachement de sa rédaction au travail sur le terrain, en particulier celui des régions. Racheté le 1er janvier par la Fondation Aventinus, notre média se redéploie en Suisse romande tout en conservant une couverture importante de la Suisse alémanique. En plus du Valais, un bureau est rouvert à Neuchâtel, et des équipes sont renforcées à Genève et dans le canton de Vaud, chargées de couvrir toute la Suisse romande.
Pourquoi à vélo (des engins qui seront électriques et prêtés par la chaîne Veloland)? Parce que c’est un outil merveilleux de reportage et de découverte. «Un reporter ne connaît qu’une seule ligne, celle du chemin de fer», s’exclamait pourtant Albert Londres en 1923. Il soulignait bien sûr son indépendance, mais aussi son moyen de transport privilégié, allié au bateau lorsqu’il parvenait à Marseille. Dans les décennies qui ont suivi, c’est l’avion qui est devenu l’étendard des journalistes accourant aux soubresauts de la planète. D’ailleurs, durant toute l’année 2000, la rédaction du Temps avait proposé à ses lectrices et ses lecteurs un tour du monde, de Genève à Genève, en partant en direction de Stavanger, en Norvège, et en y revenant d'Agadez, au Niger. Dix-sept équipes de trois journalistes s’étaient relayées, chacune sur le terrain pendant trois semaines. C’était l’époque où l’on n’aurait pas songé à faire un bilan carbone de cette fantastique aventure éditoriale!
Éloge de l'itinéraire
Le vélo, c’est plus modeste, mais aussi plus riche. Il suffit de s’arrêter au bord de la route pour entamer une conversation, de lever les yeux pour ressentir les paysages qui changent. On passe de la ville à la campagne et de la campagne à la ville, pour vérifier par ses propres yeux si vraiment c’est là l’une des grandes fractures de notre pays. On traverse les agglomérations qui se sont tant développées ces dernières années, on tombe sur des ongleries, des friperies ou des déchetteries, trois lieux ayant pris leur essor depuis 1998.
Le vélo est un éloge de l’itinéraire, alors que le consumérisme appliqué au voyage ne parle que de destinations. Comme s’il ne se passait rien entre le point A et le point B, comme s’il fallait abolir les distances. Pour vous raconter la Suisse nouvelle, celle de nos lectrices et de nos lecteurs, de leur quotidien, les journalistes du Temps vont donc éprouver ces distances, pédaler et mouiller leur chemise, voire davantage s’il se met à pleuvoir… C’est à découvrir dès ce mercredi sur notre site, à travers leurs articles, leur carnet de route, et sur la carte qui retracera leur parcours.