«Le règlement interne relatif aux opérations financières privées autorisées n’est pas public. Le montant des transactions examinées durant l’enquête, et le fait de savoir si les achats en dollars ont été reconvertis en francs suisses ne seront pas non plus dévoilés.» Silvia Oppliger, porte-parole de la Banque nationale suisse (BNS), reste ferme. Malgré les chiffres révélés dans la presse alémanique, aucune précision supplémentaire ne sera donnée, par la BNS, sur les détails de l’enquête pour soupçon de délit d’initié effectuée à l’encontre de Philipp Hildebrand, président de la direction générale de la BNS. L’institution s’en tient au communiqué du 23 décembre du conseil de banque qui affirme «qu’aucune transaction illicite n’avait été opérée, ni qu’aucune exploitation impropre d’informations privilégiées n’avait été constatée» et que, de ce fait, «l’enquête est close».

Selon le journal Blick, qui s’appuie sur le témoignage d’un informateur anonyme, l’épouse de ­Philipp Hildebrand a acheté, le 15 août 2011, 512 000 dollars ­contre 400 000 francs suisses. Elle aurait reconverti cette somme le 12 octobre en tirant un bénéfice de change de 61 000 francs, 36 jours après la décision de la BNS de fixer le taux plancher à 1,20 franc pour un euro, ce qui avait également renforcé le dollar.

Soupçon de fuites

L’aspect secret du règlement de la BNS qui définit les pratiques qui ne tombent pas sous le coup des délits d’initiés dérange plusieurs parlementaires. Le Conseil fédéral devra ainsi répondre à une interpellation de Hans Kaufmann (UDC/ZH) qui demande des précisions sur ce règlement, et s’indigne du fait que la BNS n’est pas soumise aux mêmes règles de transparence que les banques commerciales dans le domaine de la publication des transactions financières pour compte propre. Il souhaite en outre une «enquête sur l’enquête».

Le député UDC s’étonne également, dans l’Argauer Zeitung, des mouvements de cours qui ont précédé la décision «cours plancher» de la BNS, et émet le soupçon de fuites qui ont alerté certains cercles financiers. La BNS s’est refusée à préciser, hier, si elle entendait mettre à exécution sa menace d’action en justice contre l’auteur des «rumeurs» visant Philipp Hildebrand.