Le renvoi comme seul horizon pour les roms de Serbie
Asile
Le collectif Droit de rester dénonce le refus d’attribuer des permis humanitaires à des familles avec des enfants scolarisés ou malades
D’un côté, des Roms de Serbie, à ne pas confondre avec ceux de Roumanie, associés à la mendicité et jouissant de la libre circulation en Europe. Ils racontent leurs vies de familles exilées. Ils ont quitté Belgrade pour la Suisse en quête d’un travail, de soins pour leurs enfants. De l’autre côté, parce que la Serbie ne fait pas partie de l’Union européenne, la législation sur l’asile décrète leur renvoi, malgré des histoires «dramatiques».
Le collectif Droit de rester, à Lausanne, appelle cependant la Confédération et le canton de Vaud à faire preuve de clémence. Trop de retours forcés, déplorent les militants, ont tourné «à la catastrophe».
Mardi matin, le collectif a réuni face à la presse trois familles de Roms, recalés de l’asile. Trois destins emblématiques de l’«impasse humaine et juridique» que les défenseurs des requérants dénoncent. Pour eux, Berne «ferme les yeux sur les discriminations qu’endurent les Roms en Serbie». Les droits des enfants, dont l’accès aux soins et à une formation, «sont bafoués».
Or, pour la Confédération, le pays d’ex-Yougoslavie est désormais sûr. La non-entrée en matière est devenue la règle pour les requérants de cette région, et l’aide au retour minimale. En outre, une procédure, dite de «48 heures», a accéléré le traitement des demandes depuis août 2012.
Des recours rejetés
Les trois familles vivent sur le territoire vaudois depuis trois ans, logent dans des foyers pour migrants, touchent l’aide d’urgence, soit quelques centaines de francs par mois. Les enfants vont à l’école. Encore que deux d’entre eux, en raison d’un raté administratif, n’ont pas été inscrits cette année. Quelques-uns ont bénéficié d’interventions médicales ou suivent des thérapies inaccessibles en Serbie.
Ecartés d’emblée de la procédure d’asile ou déboutés, les ménages ont déposé des recours, sans succès, dont ils doivent supporter les frais. Un seul reste encore pendant. La menace d’expulsion est désormais réelle. Maris et femmes disent prendre des médicaments pour supporter le stress.
Droit de rester estime qu’un permis humanitaire s’impose. D’autant plus que médecins et enseignants certifient la nécessité de poursuivre les soins et l’école. Le collectif accuse Vaud et le conseiller d’Etat Philippe Leuba, responsable en la matière, de se cacher derrière la Confédération, sans prendre leurs responsabilités.
Steve Maucci, chef du Service de la population, rappelle en effet que Berne décide. Le canton n’est qu’une autorité d’exécution: celui-ci accueille les requérants attribués et organise leur renvoi, le cas échéant. En revanche, Steve Maucci indique que les cantons peuvent proposer l’octroie de permis humanitaires. Depuis 2007, «Vaud a obtenu 761 permis B pour cas de rigueur, soit près de 30% de tous les permis de ce type délivrés en Suisse», souligne-t-il. Mais pour y aspirer, il faut que l’intégration des migrants soit avérée et qu’ils résident en Suisse depuis cinq ans. Ce qui n’est pas le cas des trois familles roms, débarquées en 2010 seulement.