Les renvois de requérants vers d’autres pays européens doivent cesser, exigent des ONG
Asile
Amnesty International et d’autres organisations d’aide aux réfugiés demandent de mettre fin aux renvois de requérants. Les ONG ne sont pas les seules à mettre en cause le système de Dublin. A droite, l’ASIN dénonce aussi sa «nocivité» et réclame le retour des contrôles aux frontières

La Suisse doit suspendre les renvois de requérants d’asile selon la procédure Dublin, C’est ce que demande Amnesty International en compagnie d’autres organisations d’aide aux réfugiés. Le refoulement des personnes vers l’Italie, la Grèce ou la Hongrie bafoue le droit des réfugiés et contrevient au principe de solidarité européenne.
Le système Dublin de gestion de l’asile a échoué, il faut le réformer, Amnesty International n’est pas seul à le penser; l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) partage aussi cette opinion. Elle vient de lancer une initiative pour réintroduire les contrôles aux frontières, en dénonçant «l’inefficacité et la nocivité des accords Schengen/Dublin». Alors que l’UDC, qui s’oppose à la dernière réforme de la loi sur l’asile, vient de sortir grand vainqueur des élections fédérales, les revendications des organisations d’aide aux réfugiés vont à contre-courant du climat général en Suisse.
Une multiplication des renvois
Amnesty International, Solidarité sans frontières, OSAR, le Centre social protestant ou le Collectif lausannois R s’inquiètent en effet de la multiplication des renvois de demandeurs d’asile vers le pays de premier accueil, selon la procédure prévue par l’accord de Dublin. A leurs yeux, cela viole le droit des migrants de choisir leur pays d’accueil, alors que l’accélération des procédures rend les renvois presque mécaniques.
Durant les six derniers mois, le Secrétariat aux migrations a prononcé 3500 renvois Dublin, dénonce ainsi Denise Graf, spécialiste des migrations auprès d’AI, tout en sachant que la plupart d’entre eux ne pourraient être exécutés. On a appris récemment que durant l’été les renvois vers l’Italie de requérants érythréens s’étaient multipliés. Or finalement moins de 6,5% d’entre eux ont pu être renvoyés dans le pays de premier accueil de l’espace Dublin.
Demande d’arrêter les renvois vers la Hongrie
De plus, les équipes d’Amnesty International (AI) «documentent presque chaque jour de graves et croissantes violations des droits humains dont les réfugiés sont victimes». C’est pourquoi AI avait demandé au Secrétariat aux migrations (SEM) de ne plus renvoyer de requérants vers la Hongrie. Mais, accuse l’organisation, le SEM n’a même pas pris la peine d’accuser réception.
Pour Amanda Ioset, secrétaire générale de Solidarité sans frontières, la Suisse ne peut plus ignorer que des pays en bordure de la zone Dublin, comme la Grèce et l’Italie, ont atteint les limites de leurs capacités. Le futur est donc à rechercher dans la solidarité entre Etats et non dans la poursuite du régime Dublin. Or, la Suisse se dit prête à accueillir 1500 réfugiés, tout en en renvoyant 1600 vers les pays Dublin en huit mois. «Drôle de conception de la solidarité entre Etats», constate Amanda Ioset qui demande d’abandonner les renvois Dublin pour traiter les demandes d’asile sur son sol.
Les organisations d’aide aux réfugiés sont bien conscientes que le climat politique n’est pas en leur faveur, selon Constantin Hruschka, de «Protection». «Mais ce n’est pas parce que le vent est contraire que nous devons cesser de défendre la dignité et les droits humains.»