Les tensions sont de plus en plus vives autour de la question de la réouverture des restaurants. L’adoption, mercredi matin par le Conseil national, d’une déclaration qui demande que les établissements publics soient de nouveau accessibles dès le 22 mars échauffe les esprits. Le texte réclame aussi la levée immédiate de l’interdiction d’utiliser les terrasses et de se réunir à plus de cinq dans le domaine privé.

Cette résolution a été votée par 97 voix contre 90 pour 6 abstentions. Elle a été soutenue par tous les membres de l’UDC, une très forte majorité de la députation libérale-radicale, les deux tiers du groupe du Centre et deux vert’libéraux. Les autres centristes ainsi que le camp rose-vert ont voté contre cette résolution. Fâchés, les Verts avaient renoncé à assister au débat qui a précédé l’adoption de ce texte. Ils ont vivement protesté après le vote. «Cette déclaration fixe la fin de la pandémie au 22 mars. Si seulement c’était aussi simple», a ironisé sur Twitter Marionna Schlatter (Verts/ZH).

Le Conseil fédéral reste prudent

Les restaurants vont-ils vraiment rouvrir le 22 mars, ainsi que les lieux de culture, de divertissement, de loisirs et de sport, comme le demande la droite? Rien n’est moins sûr. L’Union suisse des arts et métiers (USAM), qui affirme être à l’origine de cette résolution, «exige du Conseil fédéral qu’il respecte la volonté du Conseil national».

Mais rien ne permet d’affirmer que ce scénario se réalisera. Le calendrier du Conseil fédéral ne sera pas perturbé par le vote de mercredi, plus symbolique que contraignant. Le gouvernement compte mettre en consultation le 12 mars les mesures de déconfinement qu’il prévoit de mettre en œuvre dix jours plus tard.

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Il prendra une décision définitive lors de sa séance du 19 mars. Pour cela, il prendra plusieurs critères en compte: le taux des nouvelles infections devra être inférieur à 5%, pas plus de 25% des lits en soins intensifs devront être occupés par des patients Covid-19, le taux de reproduction moyen sur sept jours devra être inférieur à 1, l’incidence ne devra pas être supérieure à ce qu’elle était début mars. Rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que ces conditions seront remplies.

Ueli Maurer se justifie

La droite va encore tenter d’ancrer la date du 22 mars dans la loi Covid-19, que le Conseil des Etats examine ce jeudi et le Conseil national lundi prochain. La Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS) s’y oppose. Dans un courrier adressé aux parlementaires fédéraux, dont Le Temps a obtenu copie, elle écrit: cela «empêcherait de réagir de manière souple et immédiate à de nouveaux développements».

Par ailleurs, le Département fédéral des finances (DFF) a précisé mercredi que son chef, Ueli Maurer, avait demandé au Conseil fédéral d’ouvrir les terrasses dès le 1er mars et les restaurants le 22 mars, comme l’UDC. Cette annonce tout à fait inhabituelle est une réponse à un article du Tages-Anzeiger qui affirmait, sur la base d’une note confidentielle datée du 5 février, que le ministre UDC avait préconisé un rythme d’ouverture plus lent et aurait été ainsi en désaccord avec son parti, ce qui est démenti par Ueli Maurer.