Résidences secondaires: acculé, le Valais part en guerre contre les lits froids
Aménagement
Le Valais et ses communes touristiques n’ont plus le choix: elles doivent limiter le nombre de nouvelles résidences secondaires et lutter contre le phénomène des lits froids. Si elles ne font rien, la Confédération bloquera toute nouvelle construction en 2014
Les volets clos, c’est mauvais pour l’image d’une station mais aussi pour son économie et ses finances. C’est un signe de mauvaise gestion de son territoire et de ses paysages. Les Valaisans en prennent conscience, lentement. «Maintenant, tout le monde sent qu’il faut empoigner le problème, car l’échéance approche», indique Luc Fellay, président de la commune de Champéry (VS).
Le couperet tombera le 1er juillet 2014. D’ici là, les plans directeurs communaux devront désigner les territoires où des mesures seront prises pour maintenir une proportion équilibrée entre résidences principales et secondaires, limiter le nombre de ces dernières et en améliorer le taux d’occupation.
Ces mesures découlent de la modification de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, entrée en vigueur le 1er juillet 2011. Elles complètent et donnent un coup d’accélérateur à la politique valaisanne du tourisme adoptée par le Conseil d’Etat en 2003 et qui vise les mêmes buts en matière de résidences secondaires.
Communes sous pression
Mises sous pression par le canton et maintenant par la Confédération, les communes touristiques se réveillent. A ce jour, selon l’Etat du Valais, une quinzaine d’entre elles ont édicté des règlements liés aux quotas et/ou au contingentement, délimité des secteurs de construction ou pénalisé la non-occupation des résidences secondaires.
A Champéry, un nouveau règlement, mis à l’enquête publique en mars prochain, devrait entrer en vigueur cette année encore. Il prévoit notamment de taxer les propriétaires de résidences secondaires, mais de réduire ou supprimer la ponction selon le degré d’occupation du logement, explique Luc Fellay.
Dans le Valais central, la commune d’Anniviers est sur la même lancée. «Nous étudions plusieurs pistes», indique son président Simon Epiney. Parmi elles l’introduction d’un contingent, de quotas et d’une taxe sur les résidences secondaires.
En septembre 2011, Anniviers a édicté un moratoire interdisant la transformation d’hôtels en appartements. Une démarche imitée par Crans-Montana au début de cette année.
Loueurs récompensés
En 2008, la station de Nendaz a sondé ses propriétaires de résidences secondaires, dont ceux rétifs à la location. A la question «que faudrait-il pour vous faire changer d’avis?», 72% de ces derniers ont répondu «rien». «Cela illustre l’ampleur du problème», relève Sébastien Epiney, directeur de Nendaz Tourisme.
Pour encourager ceux qui louent leur logement au moins douze semaines par année, Nendaz leur octroie des rabais, dans des commerces par exemple. A cette incitation s’ajoutent d’autres mesures comme, depuis 2010, l’interdiction de construire des résidences secondaires dans tous les villages de la commune sauf en station de Haute-Nendaz.
En 2011, la commune a aussi acheté 12’500 mètres carrés de terrain qu’elle dédie aux résidences principales. Et en 2012, elle finalisera un règlement instaurant notamment une taxe incitative à la location.
Le véritable challenge
Mais pour Sébastien Epiney, le véritable challenge est ailleurs: «Pour mieux occuper les lits, il faut améliorer l’attractivité d’une station! Et l’attractivité ne se mesure pas uniquement en paysages mais aussi en services tels que poste, transports publics, parkings, magasins, médecins, etc.».
Autant d’atouts qui pourraient inciter le propriétaire à occuper son logement plus régulièrement ou à le prêter à sa famille ou à ses amis. Voire même, si la rentabilité est aussi au rendez-vous en périodes creuses, à le louer.