Retour timide des marchés en Suisse romande
Économie
A Genève et à Neuchâtel, des marchés vont rouvrir dès jeudi avec des règles de sécurité accrues. Alors que Lausanne devra encore patienter, La Chaux-de-Fonds a déjà franchi le pas depuis une semaine

La réouverture progressive des marchés est annoncée en Suisse romande, sur fond de disparités cantonales. Dès jeudi, 11 «stands alimentaires» seront installés sur la plaine de Plainpalais à Genève. Une version réduite du traditionnel marché qui réunit habituellement entre 70 et 80 exposants. A Neuchâtel, un «marché décentralisé et quotidien» se tiendra également dans plusieurs quartiers. Désireuse elle aussi de retrouver ses étals de fruits et légumes, Lausanne a vu ses ardeurs freinées par le Conseil d’Etat, pour l’heure opposé à une réouverture.
S’il salue la démarche de la ville de Genève, Willy Cretegny, président de l’Association des marchés de Genève, déplore les exigences démesurées imposées aux producteurs, soit une distance de 70 mètres entre chaque stand. «Il y a clairement une inégalité de traitement par rapport aux grandes surfaces, qui n’ont rien changé à leur agencement», déplore-t-il, soulignant que les consignes de sécurité sont habituellement plus élevées sur les marchés en plein air. «Il est par exemple interdit de toucher les produits.»
Problèmes de stock
Selon lui, la version préconisée risque de laisser de nombreux vendeurs insatisfaits. Il est en effet prévu que les 11 places disponibles soient attribuées selon un tournus hebdomadaire qui valorise viande, poisson, produits laitiers, boulangerie, épicerie fine, fruits, légumes, poulets grillés ainsi que vins et bières genevois. Aucune vente de plats à l’emporter ne sera autorisée. «Lorsqu’on vend des produits frais, tenir un marché un jour par semaine pose d’importants problèmes de stock, souligne Willy Cretegny. Si les maraîchers locaux peuvent alterner avec la vente directe à la ferme qui fonctionne très bien, ce n’est pas le cas de certains boulangers ou bouchers qui n’ont souvent pas de locaux de vente et dépendent exclusivement des marchés.»
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Face aux critiques, la ville de Genève rappelle que sa première proposition prévoyait un marché de 65 stands. «En concertation avec le médecin cantonal, le Conseil d’Etat a préféré une version réduite, nous nous en accommodons», souligne Philippe d’Epine, au nom du Conseil administratif. D’autres réouvertures sont-elles prévues? «Pas à ce stade, il faut déjà voir comment fonctionne le marché de Plainpalais», répond-il, prônant une «approche des petits pas», loin d’un retour à la normale.
«Décision incompréhensible»
A Lausanne, le conseiller communal vert David Raedler espère que les avancées dans les autres cantons permettront de débloquer rapidement la situation. Le 7 avril dernier, la municipalité de Lausanne avait en effet annoncé la réouverture de certains marchés alimentaires sous une forme réduite. Une décision balayée par le canton. «Toutes les mesures avaient pourtant été prises pour respecter les normes fédérales sanitaires, affirme-t-il. La décision du Conseil d’Etat est incompréhensible et contre-productive.» En rouvrant les marchés sous conditions, on éviterait selon lui aux Lausannois de se concentrer dans les grandes surfaces où les distances de sécurité ne sont souvent pas respectées. «D’un point de vue purement économique, il devient également urgent de permettre aux maraîchers de retrouver une source stable de revenus.» Un argument mis en avant par La Chaux-de-Fonds qui a rouvert la semaine dernière une partie de son marché en centre-ville.
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